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REVUE DRAMATIQUE


Variétés : la Belle Angevine, comédie en trois actes, par MM. Maurice Donnay et André Rivoire. — Odéon : Une danseuse est morte, pièce en trois actes, par M. Le Bargy.


Il y a longtemps que je n’avais pris à une comédie autant de plaisir. Ces trois actes spirituels et légers n’ont pas seulement la malice, la finesse d’observation et la gaîté qu’on pouvait attendre de MM. Maurice Donnay et André Rivoire. Ils valent encore par le mouvement, l’intérêt de curiosité habilement ménagé, le dessin élégant et sûr. C’est la veine de Meilhac et Halévy retrouvée. Je ne crois pas qu’il y ait pour ce genre de théâtre un plus complet éloge.

Ce qui donne à la pièce son originalité, c’est la surprise qui nous attend au second acte, et qui « change tout, donne à tout une face imprévue. » Pendant une moitié de la pièce, nous pouvions croire qu’il s’agissait uniquement de nous peindre, une fois de plus, le monde de la fête. Nous avons été ravis de l’ingénieux revirement qui, en cours de route, nous a découvert, derrière le décor parisien, une fine comédie sentimentale.

Donc, nous voici dans le petit hôtel qu’un des hommes les plus en vue du Paris qui s’amuse, le baron Mongerey, achève de meubler pour sa nouvelle amie, Huguette Valois. Ce soir, pendaison de crémaillère. C’est le soir, entre tous, où il ne faut pas être treize à table. L’obligeant La Vignole s’est mis en quête d’un quatorzième et téléphone dans toutes les directions, avec insistance, mais sans succès. Un heureux hasard amène, à point nommé, un neveu du baron, Roger, qui est, aussi peu que possible, le neveu de son oncle. Venu pour intéresser l’opulent fêtard à la détresse d’un savant, ce jeune homme rangé, assidu des cours de la Sorbonne, oppose mentalement le luxe des petits hôtels et la grande pitié des laboratoires de France.