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qui connaissent bien les Russes, ont été plus adroits que vous : ils se sont bornés à rétablir avec eux des relations commerciales, envoyant à Moscou une représentation ad hoc et accueillant à Prague, sous la réserve d’une étroite surveillance, une mission russe purement technique. C’est autant qu’il en faut pour assurer aux commerçants les garanties indispensables et pour permettre à la Tchéco-Slovaquie de réaliser, en moyenne, sur les territoires de la Russie soviétidue, pour quarante raillions (couronnes tchèques) d’affaires par mois.

« Les experts neutres sont unanimement sceptiques sur les résultats pratiques de la Conférence de Gênes. Résignés à ne rien obtenir sur ce terrain, ils se contentent de profiter de l’occasion qui leur est offerte, de rencontrer ici, sans déplacement et à peu de frais, beaucoup de gens avec qui ils peuvent causer avec profit et même conclure parfois des arrangements avantageux. Ils ne font en cela que suivre l’exemple que leur donnent des hommes d’affaires, venus de Suède, de Hollande ou d’Amérique, pour négocier des concessions, ajuster des contrats ou passer des marchés. La Conférence de Gênes est vouée à l’échec ; la Foire de Gènes sera peut-être un grand succès. »


LE COUP DE THEATRE

Le lundi 17 avril, dans l’après-midi, je m’entretenais au Palais-Royal avec quelques experts étrangers, lorsque se répandit la nouvelle que les Allemands et les Russes avaient conclu la veille, à Rapallo, un accord en bonne forme. Les précisions fournies ne laissaient aucun doute sur la réalité de l’événement. Restaient à connaître les raisons que les Allemands invoqueraient pour justifier l’audace inouïe de leur action. Je les rapporte ici pour ce qu’elles valent.

« Depuis le mois de novembre 1918, — disent les Allemands, — nous étions en proie au cauchemar que nous infligeait l’article 116 du traité de Versailles, article qui réservait aux Russes le droit d’exiger de nous des réparations. Nous avons entrepris de négocier avec eux. Le Gouvernement des Soviets ne consentait à abandonner son droit, que si nous renoncions, pour notre part, à faire valoir nos revendications contre les entreprises