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suis plus à même que personne, écrivait-il en marge, d’attester le dévouement parfait, le désintéressement rare que Mme William a montrés depuis vingt ans que je la connais, et malheureusement j’atteste aussi l’oubli où ses droits à la bonté du Roi sont laissés ». Le baron de Tardif signale les services rendus par Annette pendant les Cent Jours : « La cause et les intérêts du Roi m’ayant rapproché pendant les cent jours d’interrègne de Mme William, j’atteste qu’il n’existait pas à cette époque si malheureuse, dans toute la France, un être aussi zélé, aussi dévoué et aussi courageux qu’elle. »

Il ne semble pas que la requête ait eu tout l’effet attendu. Trois demandes successives furent faites en mars, en juin et en septembre 1816. Finalement Annette dut obtenir quelque faible secours, puisque en 1825 elle sollicitait une augmentation de pension avec un résultat que nous ignorons. Elle dut travailler pour vivre dans quelque situation médiocre qui ne nous est pas connue. Après ces jours éclatants elle rentre dans l’obscurité.


XX

Mais elle a la joie de voir auprès d’elle sa fille et ses petits-enfants. Elle vit maintenant au Marais avec les Baudouin, 47, rue Charlot.

L’année même de son mariage, le 27 décembre 1816, Caroline donnait le jour à un premier enfant, une fille par qui la descendance française du poète anglais devait être assurée. L’enfant eut pour parrain « Mr Williams (sic) Wordsworth... aïeul maternel de l’enfant. » Le poète, n’étant pas présent au baptême, était représenté par Nicolas Bailly, maintenant doyen des conseillers de la Cour de cassation. Mais ce qui nous touche, c’est de trouver parmi les prénoms de l’enfant celui de la tante anglaise qui lui avait de tout temps montré un tendre attachement : elle fut nommée Louise-Marie-Caroline-Dorothée. Il est vrai que c’est Louise et non Dorothée qui devait être son prénom usuel, mais cette marque d’affection donnée à l’exquise sœur du poète fait plaisir à voir. On voudrait que William lui-même, le parrain, en ait eu l’idée. ,

Les Baudouin avaient déjà une autre fillette, lorsque les Wordsworth leur firent enfin, en octobre 1820, la visite si longtemps différée.