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on devient anxieux. A huit heures, le 22 février, deux camionnettes quittent Tamanrasset, portant le lieutenant Brunet et le lieutenant Pruvost ; il y a à bord vingt jours de vivres, une guerba d’eau par homme ; les officiers ont senti que leur entreprise serait longue et rude. Ils se hâtent, mais le Sahara accumule les difficultés ; il a recouvert en partie la piste ; ce sont, à chaque instant, de brusques descentes et des montées malaisées dans des oueds à fond mou. Le 23, ils ne sont encore parvenus qu’à trente kilomètres de Tin Raro ; les mécaniciens, recrus de fatigue, fournissent un épuisant effort, mais n’atteignent leur but que le 24 à midi. Ici, on ignore tout des avions ; on sait qu’à cinquante kilomètres Sud-Ouest de Tamanrasset, un seul des hommes du premier petit poste a entendu un ronflement de moteur très loin dans l’Est, mais il n’a rien vu ; on sait aussi que Tin Zaouaten s’alarme de rester sans nouvelles. On dépêche à Tin Zaouaten le 24 au soir un Targui qui demandera un détachement ; ce détachement arrive le 29 à midi sous la conduite de l’adjudant-chef Samson. Le soir, deux reconnaissances sont organisées qui se lancent le 2 mars, après avoir attendu des guides et être parties sans eux, à travers le désert. Anesbaraka sera le point de rencontre. Quelques Touaregs gagneront ce point directement ; deux Touaregs rejoindront Tamanrasset. Le lointain In-Salah s’est ému. Le 28 février, il a adressé à Tamanrasset un admirable télégramme que le chef de poste est chargé de transmettre à Moussa ag Amastane. « Je compte sur toi et sur tes gens pour mener à bien les recherches après le général Laperrine. Tu auras à cœur de ramener celui qui fut ton bienfaiteur et que tu appelles ton père. Seuls tes hommes qui connaissent la région peuvent travailler vite et bien ; ils seront récompensés » Par malheur, le télégramme n’est reçu que le 5 mars. Le 5 mars ! Le sort a de ces cruautés !

Mais si partout l’on se montre inquiet, partout l’espoir subsiste. Le 1er mars. Tin Raro recueille trois nouvelles. Le colonel Delestre, commandant de la région de Tombouctou, annonce qu’il est parti de Kidal vers Tamanrasset ; il signale l’atterrissage du commandant Vuillemin dans la région de Menaka ; il ajoute : « Quant au général Laperrine, sa connaissance de l’Azaouak lui permettra vraisemblablement de se tirer d’affaire assez facilement. »

L’adjudant-chef Fèvre, commandant de la subdivision de