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de façon à donner le plus exactement possible tous renseignements nécessaires aux secours et recherches à effectuer. »


PERDUS EN PLEIN SAHARA

L’avion Laperrine voie à une altitude de 3 500 mètres. La descente commence, lente ; l’adjudant Bernard peut envoyer par T. S. F. à deux reprises, le message qui suit : « Sommes perdus. Croyons être Est de la piste, atterrissons Sud, régions de grandes dunes, vraisemblablement à hauteur Tin Zaoualen. » Mais nul avertissement ne prévient que l’on ait entendu. Et pourtant, le commandant Vuillemin est à environ mille mètres en avant et à gauche. L’adjudant Bernard lance à présent des S. O. S. répétés ; il est en détresse ; il appelle ; il implore ; il n’a plus d’essence que pour une vingtaine de minutes. Mais le terrain lui semble favorable, « beau ; » tout lui laisse prévoir un atterrissage normal. A une quinzaine de mètres du sol de violents remous secouent l’appareil, l’engagent sur l’aile droite ; l’adjudant Bernard essaye de rétablir l’équilibre : il n’a pas assez de hauteur pour tenter une manœuvre. Par malheur, près du sol, le vent Nord-Sud s’agrippe à l’appareil, le fait tanguer ; Bernard sent le danger et coupe le contact pour éviter l’incendie ; l’aile droite touche, puis la roue droite, puis la roue gauche. L’appareil roule une vingtaine de mètres ; les roues s’enfoncent dans ce terrain à l’apparence séduisante, dans le reg-mou trompeur. Brusquement, violemment, l’avion capote. Le général, qui n’est pas attaché, git, coincé entre le pare-brise et le corps de Vaslin dont la tête fouille le sable. L’adjudant Bernard se dégage, indemne. Il court à ses compagnons. Le général a réussi à s’asseoir sur le plan ; il a le bras gauche fracturé, une côte enfoncée, il croit à des contusions internes ; mais il ne se plaint que de son épaule. Vaslin se plaint également de contusions dans le dos et à la jambe droite.

Le commandant ? Où est le commandant Vuillemin ? Il les a cherchés sans réussir à les apercevoir. Il a disparu. Les voilà livrés à leurs seules ressources et à leurs pensées. On ramasse les bidons contenant l’eau de réserve ; on rassemble boîtes de conserve, outils, bougies de rechange enfouis dans le sable. Bernard verse à son chef quelques gouttes d’arquebuse. Réconforté, le général redevient expansif et familier. Les trois hommes