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descend vers le terrain d’Hussein-Bey ; c’est celui du général Nivelle, qui a une panne. Pendant ce temps, l’escadrille poursuit sa route ; un avion est obligé d’atterrir à M’sila ; mais les autres appareils atteignent Biskra à 17 heures 15 ; ils devront y attendre leurs compagnons de route.

Le 4, un télégramme parvient à Biskfa au commandant Rolland, chef de l’escadrille. Le général Nivelle avait à peine touché terre à Hussein-Bey qu’il apprenait qu’il était appelé à Paris de toute urgence. Il était indispensable qu’il fût remplacé à bord de l’avion. « A vous l’honneur, Laperrine. — Par obéissance, mon général. »


LE GÉNÉRAL LAPERRINE SUCCÈDE AU GÉNÉRAL NIVELLE

Une obéissance joyeuse, frémissante. Le lendemain matin, le général Laperrine bondit dans une automobile. « Biskra ! » Il a donné l’ordre de rejoindre Biskra « le plus tôt possible. » L’automobile ne s’arrête qu’à Mac-Mahon ; elle a réalisé une vraie prouesse en accomplissant une étape de quatre cent vingt kilomètres. Le général atteint Biskra le 6 au matin. Toute l’escadrille est regroupée. « Quel bonheur ! Il va survoler à belle allure ces contrées qu’il a parcourues au pas lent des méharis [1]. »

Le 7 février, à 7 à 30, l’escadrille se met en route. Le temps est nébuleux, le ciel pommelé ; les ombres denses que projettent sur le sol les nuages créent l’illusion d’une infinité d’îlôts que les aviateurs prennent pour des oasis. En région sablonneuse, la piste demeure invisible ; les appareils ne se suivent plus. Mais le général Laperrine, lui, a deviné sa piste familière ; quand le commandant Rolland atterrit à Ouargla, le général, à côté du commandant Vuillemin, l’attend sur le terrain où, une heure et demie plus tard, un des avions vient se briser. Deux appareils n’arrivent qu’au début de l’après-midi. Mauvais début. On en tire des enseignements ; peut-être sera-t-on plus heureux les jours suivants.

Quand, le 8 février, à 7 à 30, l’escadrille s’est envolée, la piste, sur un fond sombre, apparaît nettement en clair, inestimable fil d’Ariane. Voici Inifel. Il est 9 à 45. Un avion manque ; son moteur a faibli ; l’appareil est retourné à Ouargla.

  1. Adjudant Poivre, Correspondance privée.