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l’Eglise romaine, il invoquait en faveur de son rêve, en faveur de l’accomplissement final du divin programme d’unité, l’enseignement même de leurs propres docteurs et le souvenir de la place éminente qu’ils avaient occupée dans la primitive Église. En 1920, enfin, le Syrien saint Ephrem était solennellement proclamé docteur de l’Église universelle ; et Benoit XV disait, au dernier paragraphe de l’encyclique qu’il lui consacrait :


Les catholiques d’Orient verront, dans cette décision, un nouveau témoignage de la sollicitude et de l’intérêt tout particulier que les Pontifes romains portent aux Églises séparées, dont, à l’exemple de nos prédécesseurs, nous voulons voir se maintenir à jamais, à l’abri de toute atteinte ou danger, les usages liturgiques et règles canoniques légitimes. Puissent, avec la grâce de Dieu et la protection de saint Ephrem, tomber enfin les barrières qui, hélas ! tiennent une si belle portion du troupeau chrétien éloignée de la Pierre mystique sur laquelle le Christ a bâti son Église !


Lorsque Benoit XV, après la guerre, chargeait Mgr de Guebriant, actuellement supérieur de notre Séminaire des Missions étrangères, d’une sorte d’exploration religieuse de la Sibérie [1] ; lorsque, peu de jours avant sa mort, il donnait à un curé de Paris, M. l’abbé Chaptal, la dignité d’évêque, avec la mission d’aviser aux intérêts religieux des nombreux émigrés slaves, le Pontife songeait à ces douloureuses barrières : il voulait qu’on en mit à l’épreuve l’apparente solidité ; il voulait qu’on cherchât les moyens de les abaisser, ou de les écarter. On eût dit qu’il avait hérité de Léon XIII le sens et le goût des discrets travaux d’approche, qui, pour reprendre un mot de notre Vincent de Paul, s’abstiennent « d’enjamber sur la Providence, » mais du moins préparent les voies en préparant les âmes.


III. — PROJETS DE RÉUNION ENTRE L’ANGLICANISME ET LES CHRÉTIENTÉS SÉPARÉES DE L’ORIENT

Voilà longtemps que, de temps à autre, des visites s’échangent entre les Églises de l’anglicanisme et les Églises orientales, en vue de créer une sorte de catholicité idéale, plutôt rêvée qu’elle n’est définie [2]. Elles se sont multipliées pendant et depuis la Grande Guerre. Les messages échangés en 1917 entre

  1. Nouvelles religieuses, 1er décembre 1921.
  2. Voir l’article anonyme du Correspondant, 25 août 1916, p. 708-732.