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leur antique prospérité et de leur première gloire ! » Il s’offrait, lui, Pape, pour les y aider. De les subordonner aux Latins, il n’était pas question, et s’il les détachait de la Propagande, c’était pour calmer à cet égard toutes les anxiétés. Dans la congrégation nouvelle qu’il organisait, il voulait en personne veiller sur leurs intérêts, et la présider, et les convaincre ainsi que « l’Eglise de Jésus-Christ n’est ni latine, ni grecque, ni slave, et que tous ses fils. Latins, Grecs, Slaves, ou membres d’autres groupes nationaux, occupent la même place devant le Siège apostolique. »

Moins de six mois après, Benoît XV créait, dans Rome même, un Institut pontifical pour l’étude des choses orientales : il y appelait les prêtres latins qui auraient à exercer leur ministère en Orient ; il y appelait les Uniates ; il y appelait, enfin, les Slaves et Orientaux non unis, pour qu’ils y prissent quelques clartés de la doctrine de Rome ; et Benoit XV voulut que dans cet Institut la théologie et le droit canon, la liturgie et l’histoire religieuse et politique des nationalités orientales, voire l’ethnographie et l’archéologie, fussent étudiées. Ce programme d’apostolat était, tout en même temps, un programme de science : les origines profondes des malentendus séculaires entre les deux Eglises devaient être scientifiquement fouillées, pour que ces malentendus eussent un terme et pour que s’apaisassent certaines antipathies, plus instinctives souvent que raisonnées. Benoit XV, jadis, en voyant Léon XIII à l’œuvre, avait compris quelle place il convenait de faire à la recherche intellectuelle dans l’examen des difficultés qui séparent les consciences : dès 1916, il mobilisait de nombreux spécialistes des questions orientales, dont les réponses formaient un volume [1], et le plan de labeur qu’il traçait pour le nouvel Institut sanctionnait l’érudite compétence de ces réponses.

La Civiltà Cattolica, que rédigent des Jésuites de Rome, à la date du 1er décembre 1917, définissait la portée de ces documents en indiquant expressément qu’ils visaient au « rapprochement » des Eglises séparées et du Siège apostolique. Mais le plus éloquent commentaire qui leur put être donné avait été tracé, d’avance, par la plume même de Benoit XV, lorsqu’en avril 1916, rédigeant une prière pour l’union des chrétiens orientaux et de

  1. Batiffol, Popp Benedict XV and the restoration of unity (The constructive quarterly, juin 1918) et Nouvelles religieuses, 1er avril 1919, p. 195-198.