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n’avaient passé inaperçues ni en France ni au Vatican, Mgr Joachim, très calme, semblait réfléchir. J’arrivai au dernier incident. Le bruit avait couru à Constantinople, bien que les censeurs anglais eussent interdit aux journaux de s’en faire l’écho, que sir David Davis, membre de la Chambre des Communes et ami personnel de M. Lloyd George, avait adressé au Patriarcat œcuménique une lettre et un mémoire. Dans ces documents, il annonçait son intention d’engager une campagne pour que le siège de la Société des Nations fût transféré de Genève à Constantinople.

— Tout cela est parfaitement exact, — déclara l’archevêque ; — nous avons reçu la lettre et la très élégante brochure qui l’accompagnait.

— Puis-je demander à Votre Grandeur quelle réponse a faite le Patriarcat ?

— Ce message ne comportait point de réponse. Le Patriarcat s’est borné à accuser réception. »

L’archevêque poursuivit : « Dans ces derniers temps, les rapports sont devenus bien meilleurs entre catholiques et orthodoxes en Orient. Le Patriarcat avait même autorisé les mariages mixtes, à la condition que les enfants suivissent la religion du père, sauf disposition contraire des époux ; le mariage pouvait être célébré indifféremment dans les églises des deux rites. Mais le délégué apostolique s’opposa à cette mesure, et le Patriarcat dut lui-même la rapporter.

« A vous dire vrai, nous ne comprenons ni l’intolérance de l’Eglise romaine, ni l’insistance de sa propagande. Pour notre part, nous ne cherchons point à convertir les catholiques, et nous souhaiterions que les catholiques en agissent de même avec nous. N’y a-t-il point place pour tout le monde au Paradis ?

« Nous reconnaissons la suprématie du Pape de Rome, mais dans ce sens seulement : que, s’il y avait un Synode universel des Eglises chrétiennes, le pape romain en aurait la présidence, que personne ne chercherait à lui contester ; mais les seules décisions valables seraient celles qu’aurait approuvées la majorité de l’Assemblée. De même, au Conseil œcuménique, le Patriarche, qui préside, a une voix égale à celle de tous les autres membres ; en aucun cas l’avis du Patriarche ne peut, comme tel, entraîner la décision.

« Mais, en dépit de nos vœux, l’union des Eglises est encore