La déclaration était si nette, qu’elle ne donnait vraiment pas lieu à discussion. Je pris sur moi de changer d’argument, et demandai à Mgr Joachim s’il pouvait m’indiquer les raisons du rapprochement qui s’était opéré entre l’Eglise grecque et l’Eglise anglicane.
« L’épiscopat anglican, — me répondit-il, — s’est depuis longtemps intéressé à nous. Vous savez qu’il existe des analogies, des affinités entre nos deux Eglises, et qu’elles sont probablement celles qui tendent le plus à se rapprocher de l’Église romaine. A notre sentiment, il n’y a pas autre chose, dans la sympathie que nous témoignent les évêques anglais, que le désir de créer une atmosphère propre à rendre possible et à accélérer la réunion de toutes les Eglises chrétiennes.
— Cependant, — repris-je, — quelques démarches récentes semblaient indiquer un but plus précis et plus immédiat. » Et je rappelai à l’archevêque d’Enos un certain nombre de faits qu’il connaissait bien mieux que moi. Dès le début de la crise orientale, on avait vu le haut clergé d’Angleterre prendre fait et cause pour la Grèce et soutenir ses revendications. Au début de 1921, Mgr Dorotheos, locum tenens du Patriarcat œcuménique, faisait le voyage de Londres et nouait des relations avec les grands dignitaires de l’Eglise anglicane, qui l’accueillaient avec une prévenance marquée. Le chef provisoire de l’Eglise grecque étant mort dans la capitale britannique, son corps était ramené solennellement au Phanar sur un bâtiment de guerre anglais.
A plusieurs reprises, durant ces derniers mois, le haut clergé anglican avait fait tenir au Patriarcat des adresses de sympathie et des témoignages de solidarité : le Patriarcat y répondait par des remerciements chaleureux. A la fin de juillet, l’épiscopat d’Angleterre remettait au ministre de Grèce à Londres un mémorandum qui se terminait ainsi : « Seules les troupes grecques, en battant les Turcs, pourront délivrer les peuples chrétiens. Nous ne pouvons pas ne point nous étonner que les grandes Puissances aient tenté de mettre obstacle à l’offensive grecque en Anatolie. Nous assurons Votre Excellence que la Grèce, au cours de la lutte libératrice qu’elle a entreprise, trouvera toujours un soutien moral auprès de l’Eglise anglicane. »
Tandis que je lui résumais brièvement des circonstances qui