grande crise que fut la guerre mondiale, ont fait connaître et parfois désirer à l’âme anglaise tout ce qu’il y a dans le romanisme d’opulence spirituelle, tout ce qu’il possède de ressources comme instigateur de piété, et tout ce qu’il recèle de puissances d’élan pour aider les hommes à mourir. L’anglicanisme actuel bénéficie de ces visions, et tout en même temps il en souffre ; sans délai, elles lui proposent des usages à suivre, des pratiques à imiter, et pour un avenir plus ou moins lointain, elles lui entr’ouvrent certaines perspectives. Et tandis que ces pratiques forcent la porte des sanctuaires, ces perspectives continuent de faire peur, et les yeux s’en détournent sans pouvoir s’y fermer complètement.
Le temps est loin, où les lois pénales ou les disgrâces de l’opinion contraignaient les papistes, suivant l’expression de Newman, à se comporter en race qui fuit la lumière, gens lucifuga, et où George Eliot pouvait écrire que l’Angleterre rurale « ne connaissait pas mieux les catholiques que le mammouth fossile : » le rôle quasi officiel qu’a pris durant la Grande Guerre le cardinal Bourne, — « un de nos plus grands citoyens, » dit de lui l’évêque anglican de Birmingham, — contraste étrangement avec les insultes qui, soixante-dix ans plus tôt, escortaient Wiseman dans Londres parce qu’il avait pris le titre d’archevêque de Westminster. « J’accepterais volontiers, affirmait en 1918 le même évêque anglican, les neuf dixièmes de ce qu’on peut appeler le programme du cardinal Bourne, en ce qui concerne la vie sociale de l’avenir, il est parfaitement possible, à lui et à sa grande Eglise, de travailler d’accord avec nous à la consolidation, dans notre pays bien-aimé, des principes de complète fraternité et de coopération pour le bien spirituel, moral, intellectuel et physique de toute la population [1]. »
Pour la première fois depuis la Réforme, un cardinal anglais a officiellement visité la grande flotte britannique et dit la messe dans la salle de théâtre du vaisseau amiral. Dans Oxford, le catholicisme romain a conquis une place : le regius professor de droit civil est aujourd’hui un catholique romain [2] ; les studieuses maisons des Bénédictins et des Jésuites sont reconnues depuis 1918 comme faisant partie intégrante de l’université ;