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SUR L’HORIZON DU VATICAN

II [1]
L’ÉGLISE ET LES ÉGLISES
LE NOUVEAU PONTIFICAT

Joseph de Maistre, observant les guerres de la Révolution, celles de l’Empire, cherchait à lire, dans les lointains conseils de Dieu, ce que Dieu préparait et ce que Dieu voulait. Il crut un jour entrevoir que si Dieu « broyait » les hommes, c’était pour les « mêler » ensuite, et les catastrophes auxquelles il assistait et dont lui-même pâtissait lui faisaient l’effet d’un providentiel acheminement vers l’unité religieuse. S’il eût été le contemporain de la Grande Guerre, s’il eût vu l’humanité civilisée, de 1914 à 1918, se diviser contre elle-même, il eût considéré ce nouvel épisode de l’histoire comme l’accomplissement tragique d’une loi de souffrance et de réparation, et son émouvante exégèse aurait sans doute conclu : Dieu ne déchire que pour réunir ; tous ne sont aux prises que pour qu’un jour tous deviennent un Paradoxe ! aurait-on crié. Mais alors Maistre, descendant du ciel sur terre, aurait montré la Grande Guerre rapprochant entre elles des Eglises qui se connaissaient mal ; il aurait signalé, dans ces diverses Eglises, un certain nombre d’âmes mystiques, et puis d’autorités religieuses, conduites, par l’âpreté même du conflit international, à rêver d’une grandiose unité chrétienne qui deviendrait pour les hommes un élément

  1. Voyez la Revue du 15 février.