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mort à peu près certaine me semble primordiale. » Donc, un rayon d’action limité, la surveillance des puits abondants, comparables aux « nœuds de chemins de fer de la guerre européenne, » la protection des oasis attaquées, la protection des convois, telles sont les possibilités, tels sont les avantages de l’aviation. Et encore semble-t-il nécessaire qu’on réalise un modèle d’avion capable de faire 100 kilomètres d’un seul vol.

Mais que d’impedimenta ! Que de complications inextricables ! L’avion reste impuissant, il reste incapable d’arriver sans risques au terme d’une étape s’il n’est pas convoyé par une automobile et s’il ne trouve pas à l’atterrissage des mécaniciens et des outils. Il ne jouit d’aucune sécurité, s’il n’est pas muni de la T. S. F. Il est voué aux pires dangers si de deux postes encadrant l’étape, des autos n’ont pas la mission, lorsqu’il n’arrive point dans les délais prévus, de se porter à son secours dans un délai de trente-six heures au maximum. De plus, il convient d’étudier les effets de la chaleur sur le matériel, à cause des écarts journaliers qui atteignent de 20° à 25°, de connaître les accidents atmosphériques les plus fréquents, les indices qui permettent de les prévoir, les façons d’en triompher si l’on est surpris. D’ailleurs, toutes ces considérations ne coupent pas les ailes aux espérances que le général Laperrine laisse s’envoler sur les ailes de l’avion. Pourvu qu’on suive les pistes, pourvu que l’auto accompagne l’avion, tout est possible. Et puis, après tout, l’impossible même peut être tenté ! « C’est casse-cou ; on a de fortes chances d’y laisser sa vie en cas de panne. Mais, c’est, je crois, possible. »

Voilà le général emballé. Une fois de plus, il voit grand. Quel bonheur ce serait pour lui que de revoir en avion In-Salah, Tamanrasset, Kidal, Bourem sur le Niger ! Qu’est-ce que cela, dix-sept cents kilomètres ? Et pourquoi ne pousserait-on pas jusqu’à Tombouctou ? « Le Niger est une barrière précieuse. Les terrains d’atterrissage seraient pourvus d’un ballon captif le jour, d’un projecteur la nuit. « L’effet moral serait très sérieux sur les populations amies et ennemies ; il atteindrait à des proportions extraordinaires, il deviendrait un événement africain, si les randonnées des avions prenaient les allures d’un raid transsaharien. » Le général Nivelle se contentera, en décembre, d’atterrir à Tamanrasset avec son escadrille de quatre avions Bréguet. Eh bien ! le général Laperrine le regardera