Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/825

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus ; les inspections seront facilitées ; on évacuera les malades ou l’on transportera le docteur ; on pourra renforcer les postes, occuper les points d’eau ; transporter le matériel qui ne peut être transporté à des de chameaux ; enfin, dans des cas exceptionnels, mais seulement dans ces cas, l’auto servira au ravitaillement. Le général, homme pratique, ne consent aucun sacrifice à son imagination ; c’est un sage.


L’AVIATION

Il a prévu un autre emploi de l’automobile ; elle aidera l’aviation. Comment le général Laperrine aurait-il pu se désintéresser de l’aviation ? Dès janvier 1917, une escadrille était venue à Biskra, et, sa mission dans l’Aurès terminée, avait exécuté des randonnées dans le sud, se livrant à des exercices de lancement d’obus, ou jetant des tracts en arabe au-dessus des campements ou des oasis. « Cette reconnaissance fit la plus grande impression sur les indigènes et permit de maintenir dans le calme à peu de frais une région qui commençait à s’agiter. » En août, le général obtenait la création d’une escadrille saharienne qui serait répartie entre Ouargla et In-Salah ; avant qu’elle fût installée à In-Salah, elle recevait le baptême du sang ; le lieutenant aviateur Fondet, chargé de procéder à cette installation, était massacré. Mais, le 24 avril 1918, trois avions se portaient à la rencontre du général Nivelle, commandant en chef des troupes françaises de l’Afrique du Nord, qui rentrait en auto d’In-Salah, et un avion le ramenait à Biskra. Ce fut tout ; dès le 27 mai, l’escadrille, éprouvée par les vents de printemps et par la pénurie d’essence, alla estiver au bord de la mer.

Elle estivait encore à la fin de décembre. Soudain, au début de février 1919, elle réapparut. L’état-major des troupes de l’Afrique du Nord avait organisé une reconnaissance mixte d’autos et d’avions suivant un itinéraire Colomb-Béchar, Benni-Abbès, Ksabi, Adrar, Aoulef, In-Salah, Inifel, Ouargla. Les autos atteignirent Ouargla en vingt-sept jours après avoir parcouru à peu près deux mille kilomètres ; quant aux avions 80 HP Farman, deux seulement, sur cinq qui étaient partis, purent atterrir à Ouargla un jour avant les automobiles. Mais impressionné avant la lettre par cette tentative, le ministre de la