et ses instructions reflètent sa pensée. Il avait ferme espoir dans l’emploi de l’automobile, pourvu que cet emploi fût rationnel ; il ne pouvait pas ne point l’avoir. « La traversée du Sahara en automobile, l’arrivée de neuf véhicules à mille kilomètres seulement du Niger, est un exploit militaire sportif qui a surpris et étonné le monde. » Pour que de pareils exploits restent possibles, mais à condition qu’ils ne soient plus des exceptions, mais la règle même, le général Laperrine rédige ses instructions. Les autos ne s’aventureront jamais seules ; elles réaliseront l’unité de châssis et l’unité de vitesse, pour les voitures légères, de 100 à 200 kilomètres par jour, pour les gros convois, 100. Des dépôts de matières consommables devront être créés tous les trois cents ou quatre cents kilomètres ; on n’excédera jamais 700 ; des convois spéciaux automobiles ou des chameaux les ravitailleront ; car il faudra toujours, même en cas de marche, avoir de quoi ravitailler, réparer et entretenir. Le général s’afflige du « triste exemple donné par une section de traction mécanique en juillet 1919 ; il se lamente, constatant une fois de plus que depuis six mois il n’a pas reçu de pièces de rechange ; et a-t-on compté avec l’évaporation intense de l’essence ? « Pour une consommation de cent litres, il est nécessaire d’en emporter, suivant les régions, cent vingt ou même cent soixante-deux. » Enfin, le général Laperrine préconise la formation des conducteurs ; il ajoute vivement : « Rien de commun avec la France. » Car il importe de savoir deviner le mauvais terrain, de changer de vitesse à temps sans perdre son élan, et, en un mot pittoresque, de connaître « des petits trucs. » Il se hausse à une formule mathématique : « Le nombre de pannes avec un conducteur est en raison inverse de la durée de son séjour au Sahara. » Aussi souhaite-t-il « des conducteurs, des gradés et des mécaniciens compétents, mais capables, en même temps, de zèle et de conscience. » Pour le recrutement, il tient à s’adresser à des militaires de carrière, auxquels on consentira de sérieux avantages.
Tout étant ainsi minutieusement prévu, le général Laperrine escompte, de l’utilisation des automobiles, les plus grands services. Mais il ne se leurre pas ; il entend que leur rôle soit défini et limité. Avec les autos, on pourra transporter le courrier et les militaires isolés ; de cette façon, on gagnera, entre Ouargla et In-Salah, par exemple, six jours au moins, dix-huit jours au