bienveillance, issue de sa force, les a conquis et, ainsi, nous l’avons vu précédemment, Brahim ag Abakada est promu par lui Am’rar des Azgueurs du Tassili. « Soyons amis, Cinna... » c’est par ces mots que se traduit la clémence d’Auguste.
Mais quand le général doit frapper, ses coups sont vigoureux. Ses compagnies sont dirigées vers les points où leur présence s’impose, quel que soit le territoire où leur coopération est requise. En août 1918, une de nos colonnes avait subi un grave échec dans le Tafilalelt dévasté par une harka bérabère ; le général appela à la rescousse, dans le territoire envahi, les compagnies sahariennes du Touat-Gourara ; le Tafilalelt fut libéré. Mais, dans le même moment, le gouverneur de l’Afrique occidentale française réclamait des razzias contre les dissidents ravitailleurs et receleurs des rezzous qui opéraient en Afrique occidentale. Dès que le Tafilalelt fut redevenu tranquille, des détachements des compagnies sahariennes du Touat-Gourara et de la Saoura opérèrent contre ces nouveaux ennemis.
Un adjudant chef a procédé à l’opération ; sur un autre point, un sergent emmène ses méharistes jusqu’à trois cent cinquante kilomètres à l’assaut d’un campement de pillards à l’abandon. Ici et là, il faut toujours être prêt à répondre à une alerte ; ici et là, le général ordonne des attaques ou des répliques vigoureuses, quand elles sont possibles, car elles ne le sont pas toujours. Mais le châtiment n’est que différé. Ce temporisateur veut que les indigènes sentent peser sur eux une force toujours présente, même quand elle est invisible. S’ils tentent de s’y soustraire, la répression viendra peut-être de loin, mais elle viendra. Châtié sur le territoire de Zinder, mais encore insoumis, le chef Rhabidine a demandé à se retirer au Hoggar. Le général le ramène lui-même à Agadès en lui disant que, s’il veut obtenir l’aman, c’est le commandant du territoire de Zinder qui en réglera les conditions et que, sinon, il sera traduit devant un tribunal de cette région. « Je ne voulais pas que sa retraite au Hoggar put créer la légende que les criminels de l’Afrique occidentale française pouvaient trouver un asile en Algérie. »
Des criminels, ainsi que les appelle le général Laperrine, il en reste encore au Sahara lorsque, avant la fin de 1919, le général est appelé au commandement de la région d’Alger. Mais le Sahara est pacifié. Souvent les criminels sont de simples pillards auxquels on a le tort d’appliquer le nom d’une tribu,