parcouru plus de six cents kilomètres, étaient à bout de souffle. Quand ils auront soufflé, ils auront à cœur de venir à bout de lui.
Au reste, rien de définitif ne se produira, selon le général Laperrine, s’il n’a pas recours, et à la coopération entre ses effectifs et à la coopération avec ses amis les chefs Sahariens ; sinon, il en sera réduit à des succès partiels et sans lendemain. Il quitte Ouargla le 26 octobre 1917 ; il veut en personne relever les amitiés ébranlées ou défaillantes. Il n’atteint In-Salah que le 6 novembre : les automobiles ont trahi sa confiance. Mais il y ravive la confiance de Moussa ag Amastane, qui lui a amené les dissidents du Hoggar ; ceux-ci, avec humilité, sollicitent l’aman. Le général part avec Moussa pour Fort-Motylinski. Le long de la route, ils échangent leurs pensées intimes. Moussa a l’intuition qu’un moment ses intentions ont paru suspectes ; il veut se blanchir. Il se plaint au général que ses tribus lui ont désobéi au début de 1917 et que son prestige a subi un sérieux à-coup. Le général le console et le laisse s’épancher. Mais tout à coup il dresse l’oreille ; Moussa ne vient-il pas d’avouer que ses gens ont des attaches avec les Senoussistes, et d’affirmer que, pour rompre ces liens, il est indispensable de « mettre du sang » entre eux ? Qu’on l’aide un peu, car en ce moment, il ne se sent pas assez fort pour réaliser de grandes choses ; mais il écrasera dans l’Aïr et les dissidents et Khaoussen, l’impudent Khaoussen. Le général saisit la balle au bond. Oui, Moussa peut compter sur un contingent de Sahariens d’élite, et, subsidiairement, sur la compagnie du Tidikelt quand il se jugera suffisamment en force pour se mesurer aux Azgueurs. En attendant, ces Azgueurs, on les amadouera ; on leur offrira du miel pendant qu’on préparera le vinaigre. Moussa rédige des lettres pour les chefs azgueurs ; il les engage à se rapprocher de nous. Le général sourit et approuve. « Moussa ne cachait pas qu’il ne comptait absolument pas sur le succès de ces lettres ; mais, pendant qu’on les discuterait et qu’on se réunirait pour étudier les réponses à faire, les rezzous resteraient tranquilles et ses gens ne seraient pas inquiétés durant son absence. » Le général félicite Moussa de son habileté diplomatique. Lorsque, le 14 janvier, il quitte Fort-Motylinski : il a paré à l’avenir proche.
Il continue sa tournée vers Kidal et vers Bamba. Il atteint