Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/790

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

note de quelques lignes résumant les titres d’Emilie Aubert. Le moment venu, c’est-à-dire en mars prochain, j’interviendrai près des commissaires, si je ne suis pas du nombre. Nota bene : il sera bon de me rappeler à ce moment-là Emilie Aubert, car la mémoire est une faculté qui oublie, et les fiches de cette nature, toujours assez nombreuses dans mes tiroirs, sont sujettes à y rester. Donc un mot de rappel en mars 1898, si nous sommes tous deux de ce monde ; toute démarche que je ferais avant cette époque serait parfaitement inutile, oubliée elle aussi par celui ou ceux près de qui je la ferais.

Vous allez donc remplacer la Savoie par les Vosges ? Plombières, je suppose. C’est vrai que nous sommes du temps lointain où Plombières guérissait souverainement. Puissiez-vous y trouver soulagement à vos incommodités ! Pour moi, je m’acheminerai vers les Gauds au 1er août [1]. Serai-je aux fêtes d’Orange ? Je ne sais encore, le réfrigérant officiel me fait hésiter ; et si vous partez prochainement pour les eaux, notre malchance habituelle rendra vaine cette tentative de rapprochement en Avignon.

Fixez-moi d’un mot sur ce point, et croyez, mon cher ami, à la fidélité des vieux sentiments de votre

Chambre des Députés.


15 mars 1898.

Mon cher ami,

Un mot pour vous remercier. Il a tardé et ce n’est qu’un mot parce que je viens seulement aujourd’hui de couper le cordon ombilical de mon Hanotaux [2] : je n’étais pas précisément en avance, comme vous le voyez, puisque l’enfant doit être ondoyé en commission après-demain. Et par là-dessus une liquidation électorale. Oui, j’ai rendu mon tablier. Mon seul regret est de chagriner nos braves paysans. Pour tout le reste, quel soulagement ! L’exercice de ce métier, tel que nos mauvaises mœurs l’ont fait, m’est apparu radicalement incompatible avec celui que je fais depuis vingt-cinq ans, que j’aime, qui m’est nécessaire. Me blâmerez-vous de vouloir encore écrire quelques

  1. Propriété du feu comte de La Sizeranne, située dans la commune de Quintenas (Ardèche), où le député de l’Ardèche passait les étés de 1894 à 1898.
  2. Réponse au discours de M. Gabriel Hanotaux qui fut reçu à l’Académie française le 24 mars 1898. Voyez Sous les Lauriers, Éloges académiques, 1 vol. in-16 ; Bloud.