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Louvesc ou de Saint-Romain-d’Ay [1], le pourquoi d’un jésuite emmené entre les gendarmes. Je serais curieux de savoir par vous comment les sbires de M. Constans auront procédé à Avignon et l’impression produite sur le bourgeois, celui qui vit à égale distance du tombeau et du Cercle Henri IV. Ah ! il faut de plus solides estomacs que les leurs pour manger du prêtre ! M. de Bismarck, une belle fourchette pourtant, en a déjà une indigestion. Cela constaté, il est juste d’ajouter que, depuis Mirabeau, on n’a pas parlé une plus belle et plus forte langue que celle du fameux discours. Restera-t-il Barras ou sera-t-il Bonaparte ? Nous le saurons sous peu ; en tout cas il me semble qu’il coupe sa queue pour nous en forger des chaînes, et que le ruere in servitium commence avec une noble émulation...

Adieu, mon ami, écrivez-moi par l’ambassade à Pétersbourg, c’est la meilleure voie, et cordialement à vous.


Au même


Ambassade de la République française.


St-Pétersbourg, 26 août 1880.

Mon cher ami.

Pardon, il y a bien eu une étude de Mérimée sur Pouchkine ; mais insérée au Moniteur et non à la Revue ; elle a pris place dans son volume : Portraits historiques et littéraires. C’est moins que rien d’ailleurs, quelques pages dans cette manière sèche, hautaine, presque toujours ironique, que Mérimée forçait sur le tard, comme s’il ne voulait plus toucher aux choses et aux gens que du bout des doigts. Quant aux deux articles de la Revue de 39 et de 49, c’est la besogne de pauvres diables qui avaient vendu de la soupe en Russie, une critique comme celles qu’on faisait en 1800 sur Shakspeare ou Dante. Tout est à faire.

Autre problème plus compliqué. Vous « qui savez toutes choses comme Adrien Turnèbe, » (voir Montaigne, Apologie de Raymond Sebond,) ne pourriez-vous me dire s’il n’a pas paru dans la Revue Britannique une traduction d’études russes sur la Princesse Tarakanoff ? Je sais bien qu’on n’a pas comme ça la Revue Britannique sur sa table de nuit, mais on peut y arriver peut-être à la Bibliothèque d’Avignon. Si, comme j’en ai

  1. Communes de l’Ardèche.