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UN JARDIN SUR L’ORONTE


DERNIÈRE PARTIE[1]

IX


À Damas, Guillaume ne trouva pas la Sarrasine, ni aucun éclaircissement. Était-elle morte, ou, son visage brillant tourné vers lui, subissait-elle là-bas les affronts de la captivité ? Rien ne répondit à ses interrogations. Et les premières nouvelles du désastre, c’est lui qui les apportait.

Le peuple de Damas attribua la ruine de Qalaat à l’intervention des anges Mokarabin, Gabriel, Mikael et Israfel, que le ciel en sa justice avait envoyés pour faire expier à l’Émir son mépris de l’Islam. Mais le Sultan voulait des explications plus terre à terre et il convoqua Guillaume à son divan. Guillaume lui raconta avec quelle angoisse la forteresse avait attendu ses secours et comment, réduit à la dernière extrémité par la soif, le conseil de défense avait décidé d’évacuer sur Damas les trésors. Que s’était-il passé ? Pourquoi la plus intelligente des femmes du harem, la fameuse Oriante, à qui il s’était confié, avait-elle manqué le rendez-vous ? Il offrait de retourner à Qalaat comme plénipotentiaire et d’en ramener la Sarrasine qu’il rachèterait.

Comme une balle, sitôt qu’elle a touché le mur, rebondit vers son point de départ, Guillaume, à peine a-t-il atteint Damas, ne songe qu’à regagner Qalaat ; mais le Sultan, un petit vieillard au nez rouge, est d’avis qu’il faut s’incliner devant la

  1. Voyez la Revue du 1er avril.