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s’essaient à améliorer le sort de l’indigène, un témoignage effectif de la sollicitude de l’administration pour ces mêmes populations. A cet égard, il eût été instructif que quelques-uns des cinquante-quatre parlementaires, venus au printemps dernier visiter la foire d’Alger, eussent quelque peu circulé.

La situation de nos administrateurs a besoin d’être améliorée ; il convient, notamment, de leur donner des facilités de déplacement ; ces agents en sont encore aux longues chevauchées pour parcourir leurs territoires. Le Gouvernement doit leur attribuer de petites voitures automobiles comme celles dont disposent les agents des forêts, ou ceux des ponts et chaussées ; enfin, il y aurait aussi avantage à simplifier la paperasserie ; car la correspondance des bureaux du Gouvernement général, à Alger, fournirait d’édifiants exemples, si nous avions la cruauté de les préciser.


LES ACHATS DE PROPRIÉTÉS EUROPÉENNES PAR LES INDIGÈNES

La colonisation en Algérie est la plus importante des questions. Or, un cri d’alarme a été jeté sur son avenir ; on a parlé de régression, en montrant qu’il n’y a pas de progrès dans notre production agricole et notamment dans celle des céréales, dangereux symptôme pour un jeune pays comme l’Algérie [1]. Aussi bien, les statistiques établies depuis dix ans sont édifiantes, et voici que nous assistons à un spectacle qui montre clairement la situation. Il s’agit des nombreux achats de propriétés européennes par les indigènes ‘enrichis.

Avant la guerre, le problème foncier assez complexe donnait déjà lieu à de savantes études, mais aucune n’aboutit, tant dans l’intérêt des immigrants que dans celui des indigènes. L’attention du Parlement et les sympathies de la Métropole vont bien plus aux affaires purement politiques ou sentimentales, dirai-je, comme l’accession aux droits électoraux de nos indigènes.

Or, ceux-ci procèdent à des acquisitions de plus en plus nombreuses ; ils reprennent la terre de leurs pères. On ne peut leur en faire reproche, mais la physionomie du pays est, par endroits, changée. Le phénomène est particulièrement sensible dans le département de Constantine et en Kabylie, où des cantons entiers sont revenus aux indigènes. « Vous nous avez pris

  1. Rapports de M. Vallet et de M. Mercier, délégués financiers.