ne réagissent aucunement comme les Européens, mais il en fut judicieusement empêché par l’autorité, car on signalait, dans la ville, à ce même moment, la présence d’autres personnalités suspectes de propagande ennemie [1].
Que dire de ceux de nos compatriotes qui, pour la défense des droits indigènes, en arrivent à être plus ou moins les artisans d’une politique capable de compromettre l’œuvre française ? Si la démocratie est l’art de se discipliner, que ceux d’entre nous qui se dévouent à la cause indigène, s’inspirent de ce précepte. La dernière élection européenne d’Alger fera réfléchir : un républicain de gauche passa au deuxième tour par 14 000 voix, mais un candidat se disant communiste avait réuni plus de 8 000 suffrages, fâcheux spectacle pour la population musulmane, bien qu’à tout prendre on ne puisse, évidemment, prétendre qu’il y ait 8 000 communistes à Alger même !
Quand on examine la capacité de résistance d’un pays d’Europe aux entreprises communistes ou bolchévistes, on a coutume de faire entrer en ligne de compte sa situation au point de vue du partage de la propriété. Une population dont la majorité possède, ne fût-ce qu’un lopin de terre, sera, assure-t-on, attachée à la défense de son bien et, de ce fait, assez réfractaire au communisme ; mais, dans notre Afrique du Nord, la défense de l’islam, la lutte contre le roumi, auront toujours leur poids, même sur l’âme du propriétaire indigène, puisqu’il existe, ainsi que nous l’avons vu, un vieux levain de désordre et d’insurrection chez ces habitants de Berbérie où se sont exercées tant de dominations étrangères. Quelques optimistes prétendent que le bolchévisme ne peut prendre racine dans les pays où n’existent pas d’industries capables d’étayer un mouvement ouvrier étendu ; cette réserve ne saurait s’appliquer à l’Algérie, puisque les travailleurs des ports sont déjà rangés au syndicalisme, sans qu’ils soient, naturellement, en état de comprendre où on les entraine. C’est ainsi que, récemment, un cortège d’indigènes, chantant l’Internationale, marchait à Oran sous le drapeau rouge, à la grande satisfaction de l’un de nos députés, socialiste unifié, qui préfère, dit-il, le drapeau rouge au drapeau vert du prophète.
Le communisme préconisé dans certaines feuilles a tout ce
- ↑ Récemment, à Sfax, on saisissait un lot considérable de brochures de propagande bolchéviste que venait de débarquer un navire allemand.