La politique allemande pour le relèvement de la Russie vient d’être exposée dans un livre de véritable doctrine germanique, dont la publication a fait grand bruit, dans les milieux officiels, et que la Commission générale pour la protection des intérêts français en Russie a signalé à notre attention, dans un de ses derniers Bulletins. Sous le titre Was wird aus Europa ? On va l’Europe ? M. F. von Braun, président du Conseil économique d’Empire, fait écho à l’ouvrage de M. J.-M. Keynes sur la révision du Traité de Paix, en avançant que l’Allemagne ne peut exécuter ses engagements pour les réparations que si elle voit s’ouvrir devant elle de nouveaux débouchés.
M. von Braun fait ressortir, sans aucun optimisme, les traits caractéristiques de la crise économique russe : c’est la faillite du bolchévisme, catastrophe dont le peuple ne saurait, sans l’aide étrangère, se relever avant des dizaines d’années, et seulement après avoir assisté à la destruction de ce qui peut encore subsister, à l’heure actuelle, de civilisation en Russie. Aussi affirme-t-il que si ce pays est abandonné à son sort, il sera livré à un processus de désagrégation qui pourrait être contagieux pour l’Europe entière.
Après avoir exposé le côté international du problème russe, M. von Braun soutient qu’il y a pour toutes les Puissances, et dans leur propre intérêt, un devoir de réparation envers une nation malheureuse que la guerre et la révolution ont réduite à la plus profonde misère. Négligeant d’établir la responsabilité du bolchévisme dans cette catastrophe, il s’étend longuement sur la nécessité de reconstruire la Russie, avec le concours de l’étranger, en agitant ces grands mots d’humanité et de civilisation, qu’il est d’ailleurs assez difficile d’admettre, en face d’une tyrannie rouge, qui ne s’est jamais embarrassée de ces vaines formules.
Sans doute cette méthode d’intervention en Russie ne produira pas des avantages immédiats, et l’Allemagne, à elle seule, est incapable de l’appliquer. Des capitaux considérables seront, tout d’abord, nécessaires pour réorganiser le système économique russe, remettre en état les transports, stimuler l’agriculture, ouvrir les mines et mettre en marche des usines. Cette tâche