Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/613

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bureau d’information économique. Cependant, ce Bureau engage de nombreux ingénieurs et contre-maîtres allemands, à destination de la Russie. Cette Mission mène aussi les négociations avec l’industrie allemande, tout en restant en contact étroit avec un bureau analogue installé à Stockholm.

En outre, les Soviets entretiennent, au centre même de la capitale, un « Consulat » chargé du visa des passeports. Cette organisation peut surprendre, puisqu’il n’existe pas encore officiellement de représentation consulaire allemande en Russie.

Quant à l’Allemagne, elle est représentée de façon assez mystérieuse : une Mission économique allemande s’est installée à Moscou, sous la direction du Dr Wiedenfeld, en même temps qu’une représentation diplomatique officieuse est confiée à un secrétaire de légation. Entre la capitale russe et la capitale allemande circule, deux fois par semaine, un courrier diplomatique jouissant des prérogatives d’usage.

Nos renseignements sont encore assez incomplets sur l’organisation allemande en Russie, mais celle-ci doit avoir cependant une réelle importance, puisque les relations d’affaires ont été officiellement reprises entre les deux pays et sont maintenant consacrées par les accords commerciaux qui ont été passés, en mai dernier.

L’Allemagne a fait un rêve, celui d’être chargée d’une sorte de mandat international pour remettre l’ordre en Russie, rétablir ses voies de communication, ses grands services publics, son outillage industriel. Il ne s’agit pas, bien entendu, de rechercher un monopole qu’aucun autre Etat ne saurait accepter, chacun désirant avoir sa part de travail et de bénéfices. Mais il faut une organisation d’ensemble, une direction centralisée : or c’est ce que l’Allemagne peut offrir, en raison de ses multiples contacts avec un pays qu’elle avait déjà placé économiquement sous sa dépendance, bien avant que la guerre ait bouleversé son projet d’envahissement du marché russe.

Cette politique de réalisation compte d’ailleurs, en dehors des frontières allemandes, de sérieux partisans. Aux États-Unis, il est d’opinion courante, dans certains milieux financiers, que seule l’Allemagne est capable d’assumer une pareille tâche. En Angleterre, la même conception a cours, même dans les sphères officielles, et l’on a été jusqu’à parler d’une entente entre le Gouvernement de Londres et celui de Berlin pour une action commune en Russie, dont l’Allemagne, mieux placée,