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Mercredi 7 décembre.
À bord du Montcalm. Dans la mer de Chine.

Colombo, Pénang, Singapore : trois brèves escales qui furent un enchantement : la nature tropicale a une émouvante puissance de séduction : nous étions éblouis du spectacle de ces mille races confondues, de ces harmonies nouvelles de couleurs et de formes, baignées dans une lumière excessive et diffuse : dans ce cadre enchanteur, les villes anglaises apparaissent comme des parcs somptueux où s’abritent les bengalows blancs, sortes de temples épars dans la verdure.

Les trois Gouverneurs anglais ont tenu à recevoir le Maréchal et à lui rendre les plus grands honneurs : ce fut chaque fois un singulier mélange d’élégance, de cordialité et de cérémonie. Par une aimable pensée, ils avaient groupé autour de leur table tous les Français qui résident sur leur territoire, et ceux-ci, anciens combattants pour la plupart, rayonnaient de pouvoir contempler de près l’un des héros de leur patrie.

Hier soir, en rade de Singapore, le Maréchal est monté à bord du Montcalm, le croiseur cuirassé de notre division navale d’Extrême-Orient. Le Gouvernement l’a mis à sa disposition pour le transporter avec un caractère plus officiel en Indo-Chine, au Siam et au Japon.

Le pavillon de l’amiral Thomine, commandant la division navale, flotte au grand mât et celui du Maréchal au mât de misaine.


Saïgon, 9 décembre.

Saïgon a fait au Maréchal un émouvant accueil.

À l’arrivée du Montcalm à l’appontement Rigault de Genouilly, M. Long, le gouverneur général, monte à bord pour le saluer. Une foule considérable acclame le Maréchal qui se rend au magnifique palais du Gouvernement à travers les rues toutes pavoisées : les Marseillaise retentissent à tous les carrefours ; le Montcalm salue de 17 coups de canon, la terre répond, les cloches sonnent, les rues sont noires de monde.

À dix heures, dans la grande salle des fêtes du Palais, le Maréchal reçoit les corps et services du Gouvernement général : M. Long prononce un éloquent discours auquel le Maréchal répond par les paroles suivantes :

Vous avez, monsieur le Gouverneur général, exprimé dans les