ses aptitudes, ses actions d’éclat lui permettent d’être nommé méhariste de deuxième et de première classe, brigadier et sous-officier. En attendant, il est assuré de vivre. La compagnie saharienne forme un élément autonome et est « constituée en coopérative avant la lettre. » C’est de cette façon qu’elle pourra faire vivre les Sahariens dans le pays. La compagnie achète dans le commerce en passant des marchés avec les fournisseurs qui sont tenus de livrer dans des endroits fixés par contrat ; la compagnie cède à son personnel au prix de revient. Au centre de chaque groupe est ainsi constitué un stock d’approvisionnements à l’aide duquel, chaque mois, sont ravitaillés les détachements ; un comptable impute à chaque homme sa ration dont il déduit le montant sur la solde du mois en cours. Et notre Saharien, dont la nourriture carnée est fournie par les animaux tués à la chasse ou par la viande de chameau, a droit à 15 kilos de farine, 2 kilos de beurre, 2 ou 5 kilos de sucre, une livre ou un kilo de thé, 2 kilos de vermicelle et autant de riz ; du savon et des bougies quand il y en a, du café dont il prend d’ailleurs rarement. La vie matérielle est donc assurée et, apparemment, dans les meilleures conditions, surtout pour les transports, car les transporteurs sont souvent les frères ou les parents des Sahariens eux-mêmes.
La compagnie ne manque de rien. Elle est approvisionnée en burnous, en chéchias, en couvertures, en gandourahs ; elle vend ces ceintures en laine rouge que le Saharien enroule autour de ses reins et porte en croix sur le corps et qui le sacrent militaire, soldat de France.
Toutes les acquisitions en vivres et en vêtements auxquelles procède le Saharien sont inscrites sur le livret de solde dont il est détenteur. Mais d’autres acquisitions viennent s’y ajouter, car l’homme est tenu aussi de se pourvoir complètement, excepté en armes et en munitions. L’achat de son équipement et celui de ses montures lui incombe. « C’était là un excellent principe, car l’homme avait soin de tout. » On pourrait objecter que le prix finissait par être élevé et par excéder ses moyens. Mais la compagnie consentait à avancer l’argent nécessaire, qu’elle récupérait par fractions sur la solde mensuelle. De cette façon, le Saharien pouvait procéder à l’achat des deux mehara que l’on exigeait de lui. Pendant que l’un des méhari était en reconnaissance ou en état d’y partir au premier signal, l’autre