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UN JARDIN SUR L’ORONTE.

apparentes, quelle force intraitable ! quelle énergie de fourmi et d’abeille ! l’énergie d’une âme dominatrice qui n’admet pas que rien entrave son impérieuse vocation secrète ! Les sourires, les acquiescements, les soumissions et les enchantements qu’Oriante prodigue n’empêchent pas qu’elle percerait le roc, monterait dans la lune et livrerait à la male mort ceux qu’elle aime, plutôt que d’abandonner sa ligne d’ascension. Elle a reconnu son Maître incapable, et dans son esprit, elle l’a dépassé ; pis encore, elle l’a déposé.

Son décret intérieur ne faisait que précéder le destin. Un jour l’Émir, contre l’avis de sire Guillaume et de tous les défenseurs de la forteresse, tenta une sortie pour mettre le feu au camp des chrétiens. Il échoua et dans la mêlée fut atteint mortellement. Quelques-uns disent que le trait qui le perça venait de ses propres gens. C’est ce qui n’a jamais été éclairé. Son corps put être rapporté dans l’enceinte du rempart.

VII

La dépouille fut déposée dans l’appartement des femmes. Guillaume y vint quand celles-ci l’entouraient et qu’Oriante, selon l’usage, lamentait le deuil du royaume. À son arrivée, elle s’interrompit. La joie et le désir couraient de l’un à l’autre, avec la vitesse des regards qu’échangent dans le ciel nocturne les étoiles. Elle l’entraîna dans la chambre du trésor, dont elle venait de saisir les clefs sur le mort, et là, tous deux seuls, au milieu des richesses de Qalaat, dans cette pièce demi-obscure, son visage passionné luisait comme un vase d’albâtre éclairé intérieurement. Le jeune homme lui dit :

— Je l’ai servi loyalement pour l’amour de vous. Mais que sert de mentir ? Je me réjouis de sa mort.

— Avant tout, dit-elle, en l’écartant d’un geste, il faut que tu commandes dans Qalaat.

Et sur l’heure, pressée de devancer toute intrigue, elle appela près d’elle les principaux dignitaires et chefs. Assise au milieu d’eux et Guillaume debout à son côté, elle leur prodigua avec aisance, telle une fontaine d’éloges, les plus gracieuses hyperboles de l’amitié sur leur bravoure. Jour haute raison et leur fidélité, et soudain pour conclure elle exposa crûment qu’ils avaient tous le même intérêt à ne pas se diviser, si-