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une manipulation délicate et minutieuse qui ne paraît pouvoir être entreprise que par des artisans choisis et entraînés.

« La coquille est enlevée tout entière sur une huître perlière, de façon à mettre à nu le manteau. Dans cette huître sacrifiée, on place un petit noyau de nacre, de manière à le mettre en contact avec la face externe de l’épithélium palléal. Cet épithélium qui est composé d’une simple couche de cellules épidermiques est disséqué et enlevé de l’huître. Il va devenir l’enveloppe du noyau. L’on s’en sert pour entourer le noyau qui se trouve ainsi dans un petit sac épithélial dont on ligature l’ouverture.

« Ce petit sac, qui contient maintenant un noyau, est transplanté dans une huître perlière et introduit dans ses tissus sous-épidermiques. La ligature du sac est enlevée et la blessure cicatrisée par des réactifs appropriés.

« L’huître perlière, garnie de son petit sac à noyau, est prête à retourner à la mer pour le nombre d’années nécessaires à la formation des couches assez nombreuses autour du petit noyau pour constituer une perle stable. »

D’autre part, le professeur Joubin, de l’Académie des Sciences, qui est en France la plus haute autorité en matière d’ostréiculture, et dont les beaux travaux sont réputés dans le monde entier, a bien voulu nous donner du procédé la description suivante qui concorde bien avec celle de M. Lyster Jameson, mais est encore plus frappante :

« Voici comment opèrent les Japonais, moins quelques tours de main que nous ne connaissons pas. Ils prennent deux huîtres : l’une est ouverte et par conséquent sacrifiée. Ils découpent dans le manteau un carré de membrane qu’ils isolent ; ils y déposent une petite boule de nacre de deux millimètres environ de diamètre, relèvent les coins du lambeau et les attachent, de façon à former un petit sac. C’est le premier temps de l’opération.

« Ils entrebâillent alors la seconde huître et sur son manteau greffent le petit sac provenant de la première. C’est le second temps. Le tout doit être fait assez rapidement et sans trop entrebâiller l’huître, car si on dépassait la limite, elle périrait des déchirures ainsi produites. L’huître perlière est remise à l’eau, et il n’y a plus qu’à attendre le résultat plusieurs années, car il faut sept ans, paraît-il, pour que la petite boule de nacre soit recouverte d’assez de couches de perle pour arriver à un diamètre total de 4 millimètres. L’opération peut aussi ne pas réussir, la greffe ne pas prendre... et le