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Tadoko, sous l’inspiration du professeur Mitsukuri, cultivait les perles incomplètes dont nous venons de parler.

C’est précisément M. Mikimoto, qui, pour le couronnement d’une longue et patiente suite d’efforts, vient de réaliser les perles complètes de culture japonaise. En 1909, le professeur Raphaël Dubois écrivait :

« La culture des huîtres perlières est dans son enfance, mais elle promet d’être brillante. Si à la culture des perles incomplètes peut être ajoutée la production des perles libres, comme on en a l’espoir, ce sera un grand triomphe pour la zoologie appliquée. »

Il semble bien que cette prophétie ait, comme on va voir, été réalisée par les travaux récents de M. Mikimoto, auxquels M. Boutan rend hommage en ces termes :

« Quoique ce résultat provienne de découvertes japonaises, je suis heureux de le constater comme naturaliste français. »

C’est il y a quelques mois que les journaux français et anglais annoncèrent qu’un grand nombre de perles fines japonaises cultivées avaient été jetées sur le marché. Parfaitement rondes, mais possédant à leur intérieur un gros noyau qui permettait, en cas de rupture, de les reconnaître, ces perles avaient, disait-on, si bien par ailleurs l’aspect de perles naturelles du Japon, que les joailliers eux-mêmes ne pouvaient les distinguer.

Avant de voir si ces informations se sont trouvées vérifiées et ce qu’on en peut conclure, il importe d’abord d’exposer par quel procédé M. Mikimoto a pu obtenir ces perles cultivées complètes. Nous avons là-dessus des renseignements de diverses sources et ceux notamment qu’un savant anglais réputé, M. Lyster Jameson, a donnés naguère dans le périodique scientifique anglais Nature (mai et juillet 1901, The Japanese artificially induced pearl).

« Depuis longtemps, écrit-il, M. Mikimoto faisait des expériences en vue de la production des perles complètes sans attaches avec la coquille par une modification des procédés employés jusque-là. Il obtint un premier résultat heureux dans les environs de 1912 et je fis cette même année une communication à ce sujet à la British Association. D’après les informations que m’avait fournies M. Ikeda, un des conseillers de M. Mikimoto, dans une lettre du 30 mai 1914, le premier échantillon notable de perle ronde cultivée avait été obtenu dans l’automne de 1913.

« La méthode par laquelle M. Mikimoto produit ces perles a été brevetée par lui au Japon et en d’autres pays. Son procédé comprend