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Et maintenant, avant d’en arriver aux perles japonaises, il nous reste à marquer les principales étapes qui ont jalonné les efforts faits par l’homme pour imiter la nature dans la fabrication des perles. Ces efforts datent de loin, car c’est une tendance naturelle à l’artificieux bipède qui domine cette planète, de chercher à singer la nature dans ce qu’elle réalise de beau, de rare et surtout de précieux. J’imagine que ces efforts sont surtout stimulés par le prix et la valeur marchande des objets à reproduire, plus que par leur valeur esthétique.

Quoi qu’il en soit, les perles ont subi à cet égard les mêmes vicissitudes, que l’or dont la synthèse hante depuis l’antiquité tant de cerveaux, et que le diamant, dont le fameux Lemoine affirma naguère si audacieusement avoir assuré la fabrication en s’inspirant d’expériences encore assez contestés du grand Moissan.

Tout d’abord une question de terminologie se pose. On doit penser avec M. Louis Boutan qu’il est tout à fait injuste de désigner sous le nom de perles artificielles les perles qui proviennent d’une opération de culture chez un mollusque dont on provoque et dirige dans un certain sens la sécrétion nacrée. Qui oserait prétendre que des fruits obtenus par greffe ou des melons élevés sous cloche soient des fruits artificiels ?

Il semble donc raisonnable par analogie d’appeler perles cultivées les perles produites par un mollusque dont on a provoqué ou excité la sécrétion, et de réserver le nom de perles artificielles aux imitations, d’ailleurs souvent très belles, mais où l’animal n’est pour rien, et qui sont entièrement le résultat de l’industrie humaine, et dont d’ailleurs la substance est très différente de celle des perles vraies ou cultivées. Pareillement, il sied de distinguer la fabrication et la culture des perles. La première s’entend des perles artificielles, la seconde des perles cultivées.

Quant à la question de savoir si la dénomination perles fausses doit être réservée exclusivement aux perles artificielles, ou si les seules perles vraies sont les perles naturelles à l’exclusion des perles cultivées, nous nous proposons précisément de l’examiner ci-dessous.

D’après M. Seurat, qui a publié sur la question des études fort remarquées, notamment dans le Bulletin de l’Institut océanographique de Monaco, la fabrication des perles artificielles est très ancienne, et était connue des Chinois dès le septième siècle de notre ère. Leur