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difficulté des engagements dans les autres Universités où on lui offre une hospitalité large et fraternelle. Magnifique occasion de voir du pays à peu de frais, que ne perdent pas ces avisés jeunes gens !

Il existe d’autres associations moins fameuses. Car tout est prétexte à former un groupe. Un goût, une idée, une préoccupation intellectuelle, dès qu’ils sont partagés par une demi-douzaine d’individus, trouvent leur expression dans la fondation d’un club. A Yale existent une Yale Hope Mission, une Association chrétienne de Sheffield, un Club Anglais, un Club Classique, un Club Français, un Club Germanique, un Club de Physique, un Club des Gradués, un Club Philosophique, un Club des Ingénieurs, une Société Médicale, une Association des Anciens élèves en Médecine, et j’en oublie sans doute. Dans ces cénacles on se réunit à date fixe pour entendre des communications, comme dans une académie. Un conférencier expose quelque sujet favori ou d’actualité. Après la conférence, chacun fait ses remarques, soulève à son tour d’autres questions. Ces discussions peuvent prendre une ampleur particulière dans les « debating societies » organisées en véritables parlements et où l’on s’exerce à la vie politique.

Plus caractéristiques encore de cet esprit d’association, et plus particulièrement américaines, sont les « fraternités. » Les plus connues sont celles que l’on désigne à l’aide de lettres grecques, comme l’Alpha Sigma Phi, la Beta Thêta Pi, la Phi Delta Phi, etc. Les membres se recrutent par élection. Ces fraternités sont aussi des clubs au sens précis du mot. Car le plus souvent elles possèdent une maison luxueusement meublée, où les membres peuvent loger et où ils disposent de salles de récréation.

Lun de ces clubs, — l’Elizabethan Club, — vaut qu’on le décrive. Il n’a pas d’analogue dans les autres Universités américaines. Son histoire est d’ailleurs curieuse. Il fut fondé par un ancien étudiant. Alors qu’il était au collège, en écoutant ses professeurs parler des grands maîtres de la pensée anglaise, ce jeune homme s’était pris d’un amour pour les livres. Comme il avait de la fortune, il put satisfaire son goût. Il partit pour Londres et là il se mit à amasser des ouvrages rares. Mais pendant qu’il était tout à la joie du collectionneur, il n’oubliait pas ceux de ses successeurs qui, là-bas à Yale, sentaient peut-être grandir en eux la même passion sans pouvoir s’y livrer. Un jour