de mes regrets qui me sont communs avec des personnes de beaucoup de goût ; si vous n’êtes pas de notre avis, je vous demande le silence, car pour ce qui touche sa liberté, l’artiste est une véritable sensitive.
« Agréez, je vous prie, etc [1]... »
Lorsque Augustin Thierry ne reçoit pas, il s’enferme pour travailler et le valet de chambre Joseph tient la porte close aux fâcheux. Le P. Gratry et l’abbé Perraud échappent seuls à cette consigne et sont introduits quand ils se présentent.
Plusieurs lettres de ce dernier, revenant pour les fortifier davantage, avec l’appui des textes, sur les arguments et les preuves qu’il avait développés, indiquent la nature des propos qui s’échangeaient durant ces entretiens, auxquels assistait parfois la princesse Belgiojoso, rentrée à Paris en octobre 1855. Ce sont, — quelques-unes fort étendues, — des dissertations sur la théologie de saint Paul, le symbolisme de l’Ancien Testament et son application aux Evangiles ; des commentaires sur la doctrine des Pères de l’Eglise et la défense de la Tradition dans Bossuet, Bourdaloue et Pascal. Ces conversations auraient emporté les dernières résistances d’une âme déjà plus qu’à moitié conquise.
Suivant le P. Gratry, le « miracle de la grâce » avait enfin opéré, le « rationaliste fatigué » venait à résipiscence, ses plus tenaces objections s’écroulaient : « D’aucun côté, je ne vois aucune bonne raison contre la religion catholique, tout y est bon, raisonnable, salutaire, tout jusqu’aux moindres pratiques : l’on ne peut en omettre aucune sans avoir à le regretter. On a tort d’hésiter, il faut arriver là. La véritable philosophie, la vraie sagesse pratique, y conduiront de plus en plus [2] » .
Renan, qui n’est point suspect, confirme indirectement ce témoignage, en rapportant ces paroles d’Augustin Thierry, cer- tain jour qu’on lui faisait observer ce que certaines croyances peuvent avoir d’étroit : « Ce ne sont pas des pensées larges qu’il me faut maintenant, ce sont des pensées étroites [3]. »
Mgr Perraud devait plus tard avancer à son tour, que la conversion à laquelle il avait travaillé, s’étayait de raisonnements fondés sur les leçons de l’histoire. « Je veux avoir, me disait-il,