Guillaume de Malmesbury, à Fauriel, Mignet, Henri Martin, Gorini, Bonnechose, Macaulay et Thomas Moore, en passant par Lanfranc, Robert de Glocester, Adrien de Valois, Mabillon, dom Bouquet, Spielmann et Palgrave.
Force notes, maintes scolies y sont entremêlées, signées d’Egger, de Renan, de la Villemarqué, de Leroux de Lincy, d’Edelestand du Meril, procurant des éclaircissements sur certains points obscurs ou discutés, riches de commentaires et de gloses sur les ultimes découvertes de la science et de la paléographie.
De cette masse de documents, Augustin Thierry extrayait, après un examen réfléchi, les matériaux utiles. Il apportait une conscience rigoureuse à ce dépouillement, lent et compliqué. Ce que ne pouvaient lui fournir les érudits français, il s’adressait, pour l’obtenir, aux savants étrangers : à Thomas Wright, à Làppenberg, à Depping, à Kervyn de Lettenhove.
La méthode qu’il adopte montre assez l’attention méticuleuse qu’il donnait à son travail. Les corrections étaient inscrites en triple exemplaire sur des volumes de l’édition précédente de la Conquête [1], intercalés de cahiers manuscrits pour les additions. Un des exemplaires avait été déposé dans l’étude de Me Rousse ; l’autre confié aux soins de M. Gabriel Graugnard ; le dernier enfin restait à demeure dans la chambre de l’historien et toujours à portée de sa main.
Parmi ces remaniements, beaucoup ne présentent que des retouches de style, mais d’autres sont plus graves et équivalent à une refonte du texte.
Ce sont, à commencer par l’Introduction, des retranchements, des additions, des émondages qui tendent à présenter, sous un jour plus vrai, dans une plus équitable mesure, les conséquences politiques de la conquête et le rôle de l’Église, l’esprit qui l’anime dans la part qu’elle prend aux grands événements du Moyen Age ou dans les actes de son autorité catholique, en Europe et en Angleterre.
Entièrement absorbé par cette tâche ingrate, l’historien avait abandonné pour elle tous ses autres travaux. Nulle considération étrangère ne peut l’en détourner : aux amis qui l’interrogent sur ses projets à venir, il répond par l’affirmation d’une
- ↑ Neuvième édition : Furne et C°, 1852.