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de répartition des terres collectives de culture et, de ce fait, sur l’examen des réclamations.

Or, le recrutement par voie d’élection du président et des membres de la djemaa, institué par la loi, ne tarda pas à donner les plus fâcheux résultats : la partialité bien connue chez les indigènes s’affirme dans les avis toujours émis en faveur de gens de la fraction à laquelle appartiennent les membres élus ; aussi, quels que soient les droits des autres indigènes, ceux-ci sont écartés avec la plus absolue mauvaise foi. Enfin, tous les indigènes inscrits sur les listes électorales étant éligibles, de nombreuses djemaas se trouvent composées, en majorité, d’indigènes qui ne devraient pas avoir place dans une assemblée ayant de telles attributions. Comme l’indigène ne recherche, souvent, l’autorité que pour les avantages qu’il en peut tirer, les avis sont l’objet de déplorables trafics, et l’atmosphère qui entoure les enquêtes conduites en territoires indigènes rend presque impossible la preuve de ces agissements ; les tribunaux sont impuissants pour sévir et l’administration est pratiquement désarmée.

Ces abus entraînent de regrettables conséquences : combien de braves indigènes mobilisés trouvèrent, au retour, leurs terres occupées et, grâce à la complicité de ces djemaas, ne purent se faire rendre justice, chose qui eût été impossible sous l’ancien régime !

N’ai-je pas entendu les doléances justifiées d’un indigène désespéré de ne pouvoir obtenir une délibération aux fins d’expulser un individu indûment installé sur son champ ? Notre homme, à bout de patience, menaçait d’occuper un autre terrain, d’où, par un juste retour, il prétendait qu’on ne pourrait le faire déguerpir, « puisqu’il était loisible à chacun d’agir suivant son bon plaisir, » s’écriait-il.

Toutes ces conditions ont été, très justement, mises en lumière, au cours de la dernière session des délégations financières à Alger, par M. Vallet, délégué financier du département de Constantine, l’un des hommes qui connaissent le mieux la diversité des questions algériennes.

Comme tout se tient en un rapport étroit dans notre colonie, que la grande majorité de la population indigène est formée d’agriculteurs et de pasteurs et comme la première réforme à accomplir est, sans contredit, celle qui a trait au régime foncier,