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Espagnols, Italiens Maltais, et l’autre formé par le bloc islamique de la population indigène musulmane.


LE PROBLÈME INDIGÈNE ET LA LOI DE 1919 SUR L’ACCESSION DES INDIGÈNES AUX DROITS POLITIQUES

Après tout ce qui en a été écrit, les affaires indigènes d’Algérie sont cependant mal comprises par la Métropole ; entrevues dans le prisme d’un orientalisme fantaisiste, elles ont été déformées et, avant la guerre, on les avait compliquées à souhait. Mais voici que, dans la colonie, se présentent trop de graves problèmes pour que nous n’ayons à pas délaisser la méthode précaire d’un sentimentalisme erroné.

Le problème indigène mérite d’être étudié de près. A la faveur d’une loi préparée durant les hostilités, votée au lendemain de l’armistice, des politiciens des partis les plus extrêmes, communistes ou bolchévisants ont pénétré sur le terrain africain et s’efforcent de l’exploiter pour détruire l’œuvre française. Ceux-ci suggèrent à quelques meneurs des revendications auxquelles la grande masse est encore et heureusement indifférente, ils ont cependant réussi à grouper nombre de leurs coreligionnaires, en excitant leurs ambitions.

Bien qu’il soit encore malaisé de discerner jusqu’à quel point les tendances du particularisme musulman, que nous voyons se manifester un peu partout, évolueront vers un nationalisme de plus en plus épris d’indépendance, il importe de se préoccuper des conséquences qu’un tel mouvement peut avoir dans nos possessions africaines.

Le spectacle que nous offrent les pays islamiques n’est pas, en effet, moins troublant que celui de l’Europe. Leurs dirigeants paraissent avoir puisé dans la guerre des tendances à une sorte de nationalisme de forme xénophobe ; jadis, c’était le panislamisme dont l’Allemagne s’était habilement emparé ; présentement, les influences partent autant de Moscou que de Berlin en une troublante solidarité.

L’effondrement du grand Empire russe qui, dans une large mesure, contenait l’Asie, a donné naissance au formidable foyer d’infection bolchéviste. D’où la nécessité d’adopter une politique d’expérience, de souplesse, mais aussi de fermeté, vis-à-vis des indigènes africains, en grande partie Berbères et