de la confiance sera le résultat d’un changement dans la mentalité des pays qui ont travaillé jusqu’à présent à détruire l’ordre établi en Europe au lieu de chercher à le consolider. » C’est à changer cette mentalité que les Alliés de la Grande Guerre devraient travailler de concert.
M. Lloyd George n’a pas encore fait connaître officiellement sa réponse à la note de M. Poincaré. On a des raisons de penser qu’il acceptera un ajournement de la Conférence de trois semaines environ ; les experts de la Petite-Entente ne seraient point appelés aux conférences préparatoires, mais leurs ministres à Londres seraient admis à y assister ; enfin il n’est pas sûr que le lieu de la Conférence soit Gênes où la présence de nombreux communistes et fascistes, et les batailles qu’ils nous promettent, risqueraient de troubler les séances. Son sens aigu des réalités politiques porte sans doute M. Lloyd George à reconnaître la justesse des arguments du Cabinet de Paris, mais un Premier anglais, chef et administrateur du grand consortium d’intérêts économiques et politiques que constituent l’Angleterre, ses Dominions, ses colonies, ses protectorats, a de multiples soucis, sans parler de l’approche des élections pour lesquelles les libéraux de gauche et le Labour Party représentent une force qu’il faut ménager. Ces difficultés, nous devons essayer de les comprendre si nous voulons juger équitablement son attitude. C’est d’abord le chômage. L’Angleterre avait, à la fin de janvier, 1 904 300 ouvriers ou employés chômant totalement, 282 000 partiellement ; ce problème domine toute la politique du Gouvernement. — L’Irlande n’est pas pacifiée ; la question de l’Ulster n’est pas tranchée et l’armée républicaine vient d’exécuter un coup de main sur les territoires de Derry, Tyrone, Fermanagh, forçant les portes des maisons, blessant plusieurs personnes, enlevant des otages. L’émotion a été considérable à Belfast, où l’on continue à s’entretuer, et à Londres, où le Gouvernement voudrait bien laisser les Irlandais arranger entre eux leurs affaires ; l’évacuation militaire s’en trouve retardée. — Au Cap, en même temps qu’étaient célébrées avec éclat les funérailles du général de Wet, le parti des paysans boers s’est rapproché de l’élément ouvrier blanc, en grande majorité hollandais, pour combattre le Gouvernement du général Smuts ; à la politique de fusion des races, cette coalition tente de substituer une politique nationaliste afrikander et socialiste dont le dernier terme serait la séparation complète d’avec l’Empire britannique. — En Egypte, la déportation de Zagloul pacha aux Iles Seychelles ne calme pas, loin de là, l’agitation séparatiste.