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LA QUESTION TURQUE

III [1]
LES TURCS ET L’ISLAM

LA TURQUIE ET LES RÉFORMES

Comment les Turcs envisagent-ils l’avenir de leur pays ? Quelles réformes estiment-ils les plus efficaces, de celles qui furent importées de l’Occident, ou de celles qui auraient puisé leur inspiration aux sources mêmes de l’âme, de la tradition, de la religion nationales ? De quelle manière et par qui ces réformes pourraient-elles être appliquées ? J’ai posé ces questions à un certain nombre d’hommes réputés, soit pour leur doctrine, soit pour leur expérience, soit pour leur talent, et je ne saurais mieux faire que de rapporter ici, en les classant dans un ordre commode, les entretiens que j’ai eus avec eux.

Hussein Kiazim Bey était ministre de l’Evkaf (Fondations pieuses) dans le cabinet de Tevfik Pacha, lorsque des amis communs lui firent part de mon projet d’enquête et lui demandèrent de s’y intéresser : il m’invita aussitôt à le venir voir. La taille courte et trapue, la tête forte et bien construite, des yeux noirs extraordinairement vifs derrière les lunettes d’or, des mains fines et toujours en mouvement, tels sont, au physique, les traits qui m’ont frappé dans cet homme d’Etat. Son accueil révèle une grande courtoisie, d’ailleurs commune à presque tous les Turcs ; sa conversation, des connaissances variées et étendues, un esprit très prompt, souple, même un peu mobile,

  1. Voyez la Revue des 15 janvier et 1er février.