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entre Alliés toutes les conditions générales de la paix, afin de les imposer en bloc à nos ennemis. Une partie du travail est déjà faite ; nous sommes d’accord pour Constantinople, les Détroits, l’Asie-Mineure, la Transylvanie, le littoral adriatique, etc. Le reste se fera en temps opportun... Mais, avant tout et par dessus tout, pensons à vaincre. Notre devise devrait être : Primum et ante omnia, vincere !... A votre santé, mon cher président !

Au cours de la soirée, je m’entretiens avec le prince Kanin. Après m’avoir rappelé son long séjour en France, à l’École de Saumur, il m’exprime combien la réception cordiale de l’Empereur l’a touché et comme il a été agréablement impressionné par l’accueil de la foule. Nous parlons de la guerre ; j’observe qu’il se dérobe à toute considération précise, à tout jugement des situations et des faits. Sous ses formules froidement laudatives, je devine son mépris pour les vaincus de 1905, qui ont si mal profité de la leçon.



Vendredi, 29 septembre.

La situation économique a beaucoup empiré, ces derniers temps. Le renchérissement de la vie est une cause de souffrance générale. Sur les articles de première nécessité, la majoration s’élève au triple par rapport au début de la guerre ; elle atteint même au quadruple pour le bois et les œufs, au quintuple pour le beurre et le savon. Les causes principales de cette situation sont malheureusement aussi profondes qu’évidentes : fermeture des marchés étrangers, encombrement des voies ferrées, désordre et improbité de l’administration.

Que sera-ce bientôt, quand il faudra compter en plus avec les rigueurs de l’hiver, avec l’épreuve du froid, plus cruelle encore que celle de la faim ?



Samedi, 30 septembre.

Une bataille opiniâtre se livre en Galicie, entre le Styr et la Zlota Lipa. Les Russes, qui ont pris l’offensive, essaient de s’ouvrir une brèche dans la région de Krasné et de Brzézany, à 50 kilomètres de Lemberg.