Rome ; et par cette réponse, cependant, il déclarait implicitement que les vieilles discussions théologiques sur le Saint-Esprit, qui jadis brouillèrent Rome et l’Orient, s’étaient désormais apaisées dans la profession d’une foi commune : entre Rome et la Russie, cette barrière-là, du moins, était donc tombée. Et si l’Eglise russe osait suggérer à des ministres anglicans cette idée que leur ordination avait besoin d’être renouvelée, n’était-ce pas une première brèche dans ces susceptibilités séculaires qui leur interdisaient d’admettre que leurs ordres fussent devenus invalides et d’accepter que Rome les ordonnât à nouveau ?
Les ententes mêmes qu’on ébauchait à l’écart de Rome semblaient ainsi faire augurer que certains obstacles historiques, longtemps dressés entre Rome et l’Eglise anglicane, entre Rome et les Eglises slaves, s’abolissaient ou tendaient à s’atténuer.
Mais, d’autre part, dire que ces ententes s’ébauchaient à l’écart de Rome, c’était parfois trop peu dire ; car, chez quelques-uns de ceux qui y travaillaient, prédominait le désir de constituer dans l’univers actuel une nouvelle nuance de catholicité en face et à l’encontre de l’Eglise romaine. Des organes très hostiles au Saint-Siège, comme la Revue Internationale de théologie, que publièrent longtemps à Berne les « vieux-catholiques, » se plaisaient à développer, sous la rubrique : « union des Eglises, » un programme de mobilisation commune contre Rome. Antipapiste, aussi, se montre le Phanar, sur les rives du Bosphore : on remarqua beaucoup, en 1919, la résolution qu’affichait le pro-patriarche de Constantinople, dans une interview donnée à un publiciste grec, d’évincer le pape de toute conférence « pan-chrétienne, » si celui-ci « ne renonçait absolument à toute idée de prosélytisme et à toutes revendications tyranniques de primauté [1] ; » et l’accent nettement antipapiste avec lequel la Vérité Ecclésiastique, revue officielle du Phanar, souhaitait en 1920 que Constantinople devînt un centre pour toutes les Eglises orthodoxes, ne passa pas inaperçu [2].
L’Eglise anglicane, elle, apporte dans ses démarches à l’endroit des autres Eglises un état d’esprit plus complexe. « L’anglicanisme en général, écrit M. Ronald Knox, n’est pas un système