chargés d’électricité à travers des écrans formés des substances opaques les plus variées, il constate un fait scientifique qualitatif de la plus haute importance. Ce n’est qu’ensuite que les mensurateurs, les métrologistes font passer, si j’ose dire, la nouvelle recrue sous la toise, et recherchent les relations numériques existant entre l’intensité des rayons cathodiques générateurs et celle des rayons X émis, entre le pouvoir ionisant de ceux-ci et l’épaisseur d’écran traversée, entre l’absorption de ces rayons par l’écran et la densité de la matière dont il est formé, etc.. Hâtons-nous d’ajouter que les relations numériques, métrologiques ainsi trouvées conduisent souvent à la découverte d’un nouveau phénomène qualitatif. C’est ainsi que l’argon, ce gaz rare de notre atmosphère, a été trouvé par une détermination rigoureuse des densités d’échantillons de gaz azote de provenances différentes, et qui avait montré que la densité de l’azote atmosphérique différait un peu de celle de l’azote obtenu chimiquement.
En résumé, la métrologie n’est pas toute la science, mais elle est l’adjuvant indispensable, le complément nécessaire de l’observation qualitative des phénomènes. C’est ainsi qu’un joaillier commence par apprécier d’abord qualitativement Veau d’un diamant qu’il doit estimer, puis ensuite le pèse, pour établir sa valeur en tenant compte de ces deux facteurs.
Si la métrologie constitue un des piliers de la science, son rôle n’est pas moins essentiel dans la vie sociale de l’humanité tout entière.
Comme l’a rappelé naguère M. Ch. Lallemand, de l’Académie des sciences, dans une belle étude sur les Nouvelles unités légales de mesures industrielles (et nous avons abondamment puisé dans cette étude de l’éminent géodésien), l’un des premiers besoins de l’homme a été d’évaluer, en la rapportant à une commune mesure, la grandeur des objets qui l’entouraient.
Cette commune mesure devait répondre à une double condition : 1° Elle devait permettre d’exprimer par des nombres simples les grandeurs en question. Celles-ci ne devaient donc être ni trop grandes ni trop petites. Il serait par exemple incommode d’exprimer en kilomètres la taille des objets familiers qui sont dans nos maisons. 2° L’unité choisie devait être en tous temps et lieux facile à reconstituer, tout au moins avec une certaine approximation ; la possibilité du commerce, du troc, du partage des terres était à ce prix.
L’homme s’est ainsi trouvé naturellement amené à choisir sur son corps même les divers étalons de longueur dont il avait besoin, et à