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L’HEURE DU TRANSSAHARIEN

Depuis que, — dans ce raid en avion qui devait le transporter De Touggourt au Niger, et que seul accomplit le commandant Vuillemin, — l’héroïque général Laperrine est tombeaux confins du Hoggar, on parle beaucoup du Sahara.

On en parle et, ce qui est mieux, on y agit.

Une piste pour automobiles est aménagée aujourd’hui jusqu’à Tamanrasset. L’année dernière, l’adjudant Poivre, avec une voiture munie d’un système à chenille, a atteint Timiaouine. Dans quelques jours, six automobiles pourvues de propulseurs spéciaux tenteront d’aboutir au Niger, et vraisemblablement y réussiront. Certes, ces raids et ces reconnaissances en avion et en automobile, et l’organisation des communications régulières qui pourra en résulter, rendront de précieux services pour la liaison des deux grandes masses de notre domaine africain ; mais il serait prématuré et imprudent de conclure qu’entre elles la jonction est désormais faite.

De tels procédés peuvent convenir pour la transmission postale ou le transport de quelques personnages importants ; ils resteront impuissants à créer cet échange de personnel et de matériel, de troupes, d’approvisionnements, de produits de toute sorte, en somme cet instrument stratégique et économique que le rail seul pourrait assurer normalement. Il manque à l’avion la capacité de tonnage et à l’automobile, sur de pareils terrains, la capacité de vitesse. Les conducteurs du raid précité comptent pouvoir effectuer le parcours d’Alger à Tombouctou en 15 jours, à raison de 200 kilomètres par jour. Une locomotive franchirait cette distance en trois jours en remorquant