Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/730

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Allemagne, qui ont été inséparables dans l’épreuve et que l’épreuve a rendus pour jamais inséparables : la Belgique et la France. » Le problème des réparations domine tous les autres . Il faudra prendre des mesures : « la première sera certainement, sans préjudice des gages et garanties dont la nécessité pourra être reconnue, l’établissement d’un contrôle sérieux et efficace sur le budget du Reich, les émissions de papier et les exportations. » Voilà le premier article d’un programme positif.

Après avoir rappelé le désarmement de l’Allemagne et la punition des coupables, M. Poincaré en arrive à l’accord avec les Alliés. Parmi les garanties de la paix, il n’a garde de passer sous silence la Petite Entente. La France est avant tout une Puissance continentale et elle a besoin d’alliances continentales. L’activité intelligente et pacificatrice de M. Benes, Président du Conseil de la République tchécoslovaque, travaille avec bonheur à la consolidation, en Europe centrale, de l’état territorial et du statut politique issu de notre victoire et des traités. Par la Petite Entente, la Tchécoslovaquie est liée au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et à la Roumanie. Un rapprochement s’est opéré dernièrement entre la Tchécoslovaquie et la Pologne et un traité d’alliance défensif a été signé le 6 novembre. Et voici qu’une convention toute récente fait entrer l’Autriche dans le système politique et économique dont la Petite Entente est le pivot. Pour la France, cette reconstruction de l’Europe centrale en face de l’Allemagne est d’importance capitale. M. Poincaré n’y pouvait faire qu’une brève allusion ; elle suffit. La politique française n’a pas qu’une corde à son arc.

A la Société des Nations, dont M. Lloyd George semble faire si peu de cas, M. Poincaré rend hommage en passant et promet « son concours le plus actif. » Puis il aborde la question du pacte franco-britannique. Il lui donne ainsi sa véritable place, celle d’une conclusion. « Nous ne doutons pas que, devant profiter aux deux pays, il ne soit conclu entre eux sur un pied de parfaite égalité. Nous ne doutons pas davantage qu’il ne maintienne intégralement les garanties présentes ou futures que nous reconnaissent les traités. » Par ce que nous avons dit plus haut, on appréciera la valeur et la portée de cette phrase, courte, mais capitale.

Nous aurons « en même temps » à examiner avec l’Italie et l’Angleterre les affaires d’Orient. M. Poincaré s’en tient ici aux généralités. Après un passage consacré aux États-Unis et à l’amitié qui nous lie à eux, le Président conclut. La politique française sera toujours