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AUGUSTIN THIERRY
D'APRÈS SA CORRESPONDANCE ET SES PAPIERS DE FAMILLE

V [1]
LA PRINCESSE BELGIOJOSO


UNE « SŒUR D’AME »

Cependant l’été s’avançait, il fallait bientôt songer à regagner Paris. Depuis qu’au grand scandale du monde, son mari, l’ « admirable » et volage Emilio, l’avait abandonnée définitivement pour s’enfuir avec la jeune duchesse de Plaisance et filer le parfait amour sur les bords enchanteurs du lac de Côme, Mme de Belgiojoso, toute indifférente qu’elle fût à la ruine de sa vie conjugale, avait quitté son hôtel de la rue Neuve Saint-Honoré, et s’était installée rue de Courcelles.

Mais le logis ne lui plaisait guère : elle en cherchait un autre et, quand elle crut l’avoir trouvé, elle offrit à Augustin Thierry de le partager avec elle. L’appartement du passage Sainte-Marie ne rappelait plus à l’historien que de lamentables souvenirs ; il était résolu de n’y point rentrer. Tout en sauvegardant son indépendance, cette combinaison d’une amitié prévoyante lui rendrait, pensait-il, un foyer : il l’accepta d’un cœur reconnaissant. Dans la lettre qui suit, il explique à Guizot les raisons qui le décident, les conditions de sa vie nouvelle et le met au courant de ses projets futurs.

  1. Voyez la Revue des 15 octobre, 1er novembre et 15 décembre 1921, 1er janvier 1922.