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LA QUESTION TURQUE

II [1]
ANGORA
LES TURCS ENTRE L’OCCIDENT ET L’ORIENT

Le 16 mars 1920, à l’aube, le général anglais Milne, commandant la place de Constantinople, faisait occuper militairement les points les plus importants de la capitale ottomane : le ministère de la Guerre et celui de la Marine, la préfecture de la Ville, l’hôtel des Postes et Télégraphes, le Grand-Pont de Galata, la Douane, l’Arsenal et les portes principales. Le même jour, le général faisait arrêter à leur domicile un certain nombre d’anciens ministres, de députés et de sénateurs, suspects d’hostilité à l’égard des autorités d’occupation. L’état de siège était proclamé. Toutes ces mesures avaient été approuvées par les trois hauts-commissaires français, anglais et italien, bien que l’initiative en revint exclusivement aux agents anglais, et correspondit aux seuls desseins de la politique britannique : par exemple, les personnes arrêtées étaient presque toutes connues pour leurs sentiments favorables à la France.

Deux jours après, la Chambre ottomane des Députés votait à l’unanimité une motion protestant contre l’occupation militaire de Constantinople et les arrestations dont des membres du Parlement avaient été victimes. Après quoi, elle s’ajournait sine die. Le Sénat en fit autant.

Le 5 avril, les Anglais renvoyaient le Grand-Vizir, maréchal Salih Pacha, pour ramener une fois de plus au pouvoir Damad Férid, leur créature. Celui-ci, d’accord avec le Cheik-ul-islam,

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.