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aujourd’hui même, devant le buste de Gustave Flaubert... On vous répond : réaction, enseignement de classe !... Vous proposez de disposer suivant des règles vérifiées par une longue expérience la maison du savoir et de l’enseignement... On vous dit : avant tout, faites y entrer la démocratie !... Certes, je veux qu’elle y entre aussi librement que possible ; je veux même qu’elle y soit chez elle. Je demande seulement à quelques-uns de ceux qui prétendent la conduire, suivant une image que j’emprunterai à l’éloquence politique, de ne pas jeter le mobilier par la fenêtre, mais de respecter l’ordonnance de la vieille maison. Je les prie, puisqu’ils réclament sincèrement que l’on institue une élite, de vouloir les conditions de ce qu’ils souhaitent. Puissent-ils être persuadés que les lois de la formation des esprits sont depuis assez longtemps connues et qu’ils en demanderaient en vain le secret au matérialisme économique ou à quelque notion complaisante et sommaire de l’évolution !

Dans cette discussion où sont intéressées des causes que la Revue des Deux Mondes a constamment soutenues, vous m’avez donné, mon cher directeur, un précieux appui. Je tiens à vous en remercier de tout cœur en faisant des vœux pour la prospérité de l’illustre maison qui vous a confié son destin. Mon éminent ami, M. Hanotaux, vient de vous comparer à un chef de guerre. Permettez-moi de vous dire, par une comparaison qui soit mieux à ma portée, que vous aurez été un très bon ministre de la Revue des Deux Mondes. On peut croire qu’au moment où vous aviez pris le pouvoir, vos relations intérieures devaient être singulièrement troublées. Je n’aurai pas l’indiscrétion de parler des finances. Encore n’est-il pas téméraire de supposer que chez vous, comme dans tous les États du monde, le mystère des changes, la relativité des évaluations monétaires, le tourment de l’équilibre ont dû modifier profondément tous les principes de gestion et les règles mêmes de la sagesse économique. Vous avez, nous le savons, vaincu toutes les difficultés et surmonté tous les obstacles.

Je bois à vos succès.

Je bois à la Revue des Deux Mondes et aux écrivains qui se sont assis à sa table.

Et afin de résumer tous les vœux qui sont formés ici à la fois pour l’honneur des lettres et pour la grandeur de la patrie, je bois à l’avenir de la culture française.


Le Directeur-Gérant :

RENÉ DOUMIC.