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sommet. On nous assure qu’un certain nombre d’hommes « éminents dans les domaines de l’éthique, de l’histoire et de la politique, » ont choisi, pour composer ce comité de révision, deux délégués dans chaque pays resté neutre au cours de la guerre. La liste de ces « hommes éminents « comprend, ajoute-t-on, les noms d’archevêques et d’évêques, de recteurs d’universités, d’anciens ministres, de parlementaires, de nobles et de socialistes, de magnats de la finance, principalement des pays neutres, mais aussi de professeurs d’histoire et de professeurs de droit international des États vainqueurs. Pour nous bien montrer l’esprit dont sont animées les personnes qui prennent cette initiative, on précise : « Cette idée émane d’intellectuels d’Angleterre, d’Amérique, de France et d’Italie, qui n’ont pu être convaincus que le Traité de Versailles est juste. » Impossible de dire plus clairement que c’est le bouleversement des conditions de la paix qu’on a en vue. Si l’on a trouvé, pour cette œuvre mauvaise, des complaisances ou des complicités dans les pays alliés, et notamment en France, il faut regretter qu’au lendemain d’un épouvantable conflit, où tous nos compatriotes ont si admirablement fait leur devoir, il puisse se produire de telles défaillances.

Des savants de Christiania se sont empressés, nous affirme-t-on, de répondre favorablement à l’appel qui leur était adressé. Des dispositions ont été prises immédiatement, sous les auspices du professeur Harris Aall, de l’université de Christiania, pour convoquer des professeurs d’histoire et de droit international, ou des hommes de lettres des pays scandinaves, de Hollande, de Suisse et d’Espagne. Bien mieux, un Comité s’est formé, composé du Président du Storting, du premier évêque de Norvège, et de maîtres des universités. Ce Comité s’est réuni au Palais du Parlement et a élu deux membres norvégiens du « Tribunal neutre. » Une autre liste a été établie en Suède. Il y figure un archevêque, des évêques, des professeurs de l’Université, des officiers supérieurs, des écrivains, des financiers, et le reste. Dans les Pays-Bas, même opération ; la propagande allemande ne chôme nulle part. Un comité s’est formé à la Haye sous la direction du chef des archives royales, et il se compose, d’après la presse germanique, d’anciens premiers ministres, de commandants d’armée, de juges de la Haute Cour, de rédacteurs en chef de grands journaux, tels que le Nieuwe Courant et le vtrechtsch Dagblatt. En Argentine, un autre comité est en préparation, avec des professeurs des universités de Buenos-Aires, de Cordova et de La Plata. Des projets analogues sont à l’étude pour le Chili et pour la Suisse. Le Mainzer Tageblatt prend