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moins de maisons que s’il le soulève de la même quantité en cinq secondes seulement. Ce qui agit ici, c’est l’accélération du mouvement, c’est-à-dire la rapidité de ses changements de vitesse. Les effets les plus violents sont, cæteris paribus, ceux qui correspondent aux vibrations les plus rapides. Un exemple ou plutôt une expérience simple le démontrera aisément : Si je soulève une table, d’abord lentement, puis brusquement, et chaque fois de la même quantité, les objets posés sur elle seront la seconde fois projetés beaucoup plus violemment que la première.

Si sur une carte du pays qui vient d’être ébranlé par un tremblement de terre on indique, à côté, de chaque localité, l’intensité plus ou moins grande du phénomène d’après les effets produits, et si on joint par un trait continu les points d’égale intensité, on obtient une série de courbes dites isoséistes et intérieures les unes aux autres. L’intensité observée croît à mesure qu’on approche d’une région à laquelle toutes ces courbes sont circonscrites et à peu près concentriques. Cette région du sol où l’intensité observée a été maxima est appelée l’épicentre du tremblement de terre. L’épicentre n’est pas l’origine même du tremblement de terre ; il est la projection à peu près verticale sur le sol de cette origine qui est à une certaine profondeur. On suppose, pour simplifier, cette région d’origine réduite à un point qu’on appelle l’hypocentre ou foyer du séisme. La détermination de la profondeur du foyer est un des problèmes les plus importants et aussi les plus complexes de la sismologie. On l’a attaqué de diverses manières et, malgré quelques incertitudes, il est à peu près démontré que la profondeur des grands foyers sismiques au-dessous du sol est en général d’environ 15 à 20 kilomètres. Les chocs, les vibrations, les trépidations du séisme, qui durent parfois des heures et des journées entières, se transmettent au loin par suite de cette solidarité qui fait que les diverses parties du globe ne forment en quelque sorte qu’un seul bloc. De même quand on frappe sur une table, les vibrations produites se transmettent à son autre extrémité. De même et par un mécanisme analogue, les trépidations des lourds véhicules qui parcourent nos rues se transmettent à travers sol et murailles jusqu’aux habitations distantes.

Naturellement l’intensité des secousses transmises au loin diminue en général à mesure qu’on s’éloigne de l’épicentre. En ce qui concerne le récent tremblement de terre du Chili, et pour fixer les idées, les enregistrements obtenus à l’observatoire du Parc Saint-Maur (près Paris) ont montré que le sol parisien (situé à environ 10 000 kilomètres