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de la terre qui semble bien être le primum movens de la généralité des tremblements de terre.

Qu’on ne se hâte pas d’en conclure que cette contraction est sensible et mesurable à la petite échelle que comportent une vie humaine, ou même l’histoire toute entière de l’humanité. On aurait tort. Albert de Lapparent a indiqué à cet égard le calcul suivant :

La terre ayant 510 millions de kilomètres carrés de surface, un affaissement général de un millimètre, quoique totalement insensible par lui-même, suffirait à contrebalancer la sortie de 510 kilomètres cubes de lave, quantité comparable à tout ce qui a pu être rejeté par les volcans depuis les temps historiques.

On est en droit de conclure que les affaissements de la surface terrestre, dont les séismes sont les manifestations, sont des phénomènes purement locaux et ne produisant pas, pour l’ensemble de la planète, des effets appréciables.

Que si maintenant j’ajoute que les causes essentielles des phénomènes sismologiques que je viens d’invoquer sont rangées par les spécialistes sous les noms de causes orogéniques, ou tectoniques, ou glyptogéniques, aurai-je appris à mes lecteurs quelque chose de plus que des mots... , des mots, comme disait Hamlet ?


Tout ce que nous venons de voir concerne en quelque sorte l’aspect géologique des séismes. Ceux-ci ne sont pas moins intéressants, ils le sont plus peut-être, lorsqu’on les analyse du point de vue de la physique et de la mécanique, car ici nous allons voir s’introduire, à côté des considérations passionnantes, mais toujours assez imprécises des sciences naturelles, les chiffres, les mesures et les calculs qui arment les sciences physiques. Le chiffre, la mesure et le calcul nous permettront de pénétrer plus avant l’âme même du phénomène qui nous intéresse. Ἀεὶ ὁ Θεὸς γεωμετρεῖ.

Sur les lieux d’un tremblement de terre, le phénomène se traduit par des trépidations, des oscillations des mouvements alternatifs du sol dont l’amplitude et la durée sont variables et influent séparément sur l’intensité des effets mécaniques et destructeurs produits.

Il est évident que, toutes choses égales d’ailleurs, un mouvement qui soulèvera le sol de dix centimètres démolira plus de maisons qu’un mouvement qui le soulèvera de cinq centimètres.

Il est évident aussi que, toutes choses égales d’ailleurs, un mouvement qui soulèvera le sol de dix centimètres en dix secondes démolira