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Une partie de la Provence mise à part, le sol français jouit d’ailleurs à cet égard d’une solidité privilégiée.

La même cause peut, en certains cas, produire au contraire un effet très différent. Les physiciens ont en effet découvert naguère que sous de hautes pressions comme celles qui règnent dans l’intérieur de la terre, certains silicates rocheux augmentent brusquement de volume lorsqu’en se refroidissant, ils passent de l’état de fusion à l’état solide. Ils se comportent à cet égard à l’encontre de la plupart des substances usuelles et comme l’eau qui se dilate en se solidifiant. La preuve en est que la glace flotte. En ce cas, qui doit être d’ailleurs exceptionnel, l’effet du refroidissement terrestre est non un affaissement, mais un soulèvement local du sol. C’est peut-être ce qui s’est produit l’autre jour sur la côte chilienne, si le capitaine du vapeur anglais Lobos n’a pas été le jouet d’une illusion, lorsqu’il rapporte, — à ce que disent les journaux, — que, se trouvant au large de la côte entre Caldera et Cotiato, son navire a été violemment secoué pendant plusieurs minutes, et qu’ayant ensuite effectué des sondages, il trouva une profondeur de 86 brasses au lieu de 2800 brasses indiqués sur la carte. Ce sondage demande confirmation.

Il ne faut pas oublier d’ailleurs que toute diminution du volume interne du globe peut se traduire en certains points par une surélévation de la surface, de même que l’effondrement et la chute d’une partie d’un glacier, — on le constate souvent à Chamonix, — quoique entraînant un affaissement général de la région effondrée, provoque, par la réaction et l’entrechoquement des séracs, la surélévation de certains d’entre eux.

A cette première cause des mouvements différentiels qui s’accomplissent entre les divers compartiments de la marqueterie terrestre, il faut joindre les phénomènes de stratoclase, sur lesquels, dans son étude récente, M. Montessus de Ballore a attiré l’attention. On a remarqué depuis longtemps que, dans certaines carrières, lorsqu’on extrait certains blocs rocheux, ceux-ci ne pourraient plus ensuite être replacés dans la cavité qu’ils occupaient et qui semble devenue trop étroite pour les contenir. Il leur arrive même d’éclater après leur extraction, comme c’est le cas des grès américains de Monson. Pareillement, dans les galeries de mines, on observe souvent des détonations, des ruptures, des fléchissements soudains, comme si une masse rocheuse trop fortement comprimée se détendait soudain. Ces phénomènes nous permettent d’imaginer que, même dans les couches terrestres les plus stables en apparence, et dont l’équilibre parait le