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NOTES
SUR
L’ITALIE NOUVELLE

III [1]
ROME


Rome, 30 octobre 1921

La Rome vivante étouffe dans sa robe de pierre. Tout est plein. Qui néglige de retenir sa chambre risque d’errer d’hôtel en hôtel, sous l’œil goguenard des portiers. L’afflux des voyageurs se mesure à l’insolence de ces gens-là : plus de courbettes ; leur casquette galonnée vissée sur la tête, ils daignent à peine vous répondre d’un grognement : ils sont vos maîtres, vous êtes leurs humbles serviteurs. La chasse aux appartements, qui n’est pas moins passionnée qu’à Paris, ne donne pas plus de résultats. Il est vrai que l’on construit davantage : au Testaccio, au Monte Mario, des maisons s’élèvent ; on en bâtit même sur ce Monte Sacro, où nous savons par notre Histoire romaine que la plèbe irritée se retira. C’était le temps heureux où, pour la calmer, il suffisait d’une fable assez simplette, comme celle des membres et de l’estomac : les fables servent toujours, mais il en faut de plus compliquées. On m’avait beaucoup vanté ces maisons nouvelles ; j’ai voulu les aller voir, j’aurais mieux fait de m’en abstenir, pour garder intacte mon admiration.

  1. Voyez la Revue des 15 août et 1er octobre.